Fermeté du Hezbollah, Hariri cherche l'escalade

Liban
18/01/2011
Le procureur du soi-disant TSL (Tribunal Spécial pour le Liban) a déposé lundi l’acte, encore confidentiel, d’accusation dans l’enquête sur le meurtre de l’ancien Premier ministre Hariri, qui vise sans doute des membres de la résistance du Hezbollah.

Le président Obama s’est immédiatement félicité de cette nouvelle, et, en effet, c’est bien pour cause des pressions de l’administration étatsunienne que s’est déclenchée la crise qui a porté mercredi dernier à la chute du gouvernement : M. Hariri, malgré sa prudente ouverture des dernier mois, a en effet fini par rejeter le compromis issu de la médiation syro-saoudienne, dont les détails ne sont pas entièrement connus.

Le rejet des négociations par M. Hariri avait donc poussé mercredi onze ministres de l’opposition à donner leur démission, et a porté le Hezbollah a déclarer, dimanche, que l’opposition ne soutiendra pas une nouvelle candidature de M. Hariri au rôle de premier ministre : en effet, a déclaré le leader Hassan Nasrallah dans un discours à la chaîne de télévision al-Manar, « soit M. Hariri était contraire aux négociations, et ne condescendait qu’à cause de la pression saoudienne, et il a fini par demander aux Etats-Unis d’intervenir ; soit il collaborait sincèrement avec les saoudiens mais a dû céder aux pressions des USA : dans les deux cas, il est démontré que M. Hariri et son équipe ne sont pas fiables et ne sont pas en mesure de sortir le Liban de l’impasse ». Les pourparlers qui auraient dû commencer lundi pour la création d’un nouveau gouvernement, ont été entretemps renvoyés au 24 de ce mois.

Walid Joumblatt, le leader druze dont le parti, le PSP, a quitté en 2009 la coalition du 14 mars se maintenant depuis « au centre », et dont les parlementaires pourraient changer le rapport de forces entre les deux coalitions, a déclaré pour sa part qu’il est prêt à soutenir Hariri a condition que celui-ci ne désavoue pas le compromis syro-saoudien.
Entretemps, les puissances régionales ont appelé à la reprise de la médiation syro-saoudienne.

Le TSL, que les négociations intra-régionales étaient parvenues a désamorcer, est bien évidemment, (comme l’a encore en ces derniers jours dénoncé le Hezbollah) le fruit d’une machination des Etats-Unis et d’ Israël. Pire, il participe à plein titre de la honteuse tradition des tribunaux de guerre impérialistes, qui sous prétention d’une très douteuse légitimité internationale ne font que continuer par d’autres moyens les guerres d’agression : d’ailleurs l’actuel président du TSL, l’italien Antonio Cassese, est bien la même personne qui a eu le rôle de premier président du soi-disant Tribunal International Pénal pour l’ex-Yougoslavie.

Le Hezbollah n’en demande pourtant pas l’annulation, mais qu’il ne soit pas utilisé contre la résistance par le gouvernement de son propre pays, et réitère pour cela les décisions qui avaient été prises avec la médiation syro-saoudienne : le Liban doit prendre ses distances par rapport au tribunal en retirant les juges libanais, en stoppant les financements et en retirant le mémorandum d’entente : « nous ne demandons pas que le gouvernement défende la résistance, mais qu’il ne conspire pas contre elle », a déclaré Nasrallah. Le but du Hezbollah et de ses alliés n’est certainement pas d’empêcher que la vérité se sache sur l’assassinat de Hariri, ce qui serait plutôt dans l’intérêt du peuple libanais tout entier, car seule une mauvaise foi exemplaire pourrait l’attribuer à la résistance (Israël est un candidat beaucoup plus plausible, et ainsi laissent penser les espions israéliens découverts au Liban, les images interceptées des drones israéliens survolant le Liban, les découvertes sur l’arme utilisée pour l’attentat, etc. ; ce qui a été évidemment ignoré par le TSL) ; il s’agit plutôt de défendre le pays de l’ingérence impérialiste et des risques qui en découlent, à savoir celui d’un conflit interne qui ne serait dans l’intérêt que des Etats-Unis, d ‘Israël et de leurs plans de domination de la région.

Mise à jour : Les médias occidentaux ont diffusé avec une certaine emphase la nouvelle de tensions le mardi matin à Beyrouth à la suite des évènements, sous forme d’ « hommes non armés » rassemblés dans les rues ; le ton avec lequel la nouvelle est diffusée fait évidemment partie de la propagande de déstabilisation et contre le Hezbollah, qu’on veut faire paraitre comme irresponsable. Le gouvernement a réagi en renforçant la présence de l’armée dans la capitale, qui disperse tout regroupement.