Soumoud: Travail volontaire et résistance

10/04/2009
On dirait qu’une catastrophe économique destinée à changer notre mode de vie est en train de s’abattre sur l’Occident. Il était temps ! Nous n’en pouvions plus de cette « aubaine ». Non pas la religion mais l’argent est le plus puissant opium du peuple. Il fallait que le mécanisme infernal de la prospérité matérielle s’enraye pour que les gens comprennent dans quelle hallucinante Matrix ils étaient emprisonnés. Toutefois il n’y a pas de quoi être optimiste.

La peur de précipiter vers le bas alimente les sentiments les plus mauvais qui existent dans l’être humain. Afin de ne pas se retrouver aux plus bas degrés de l’échelle sociale, les « citoyens », désormais transformés en sujets-consommateurs, se cramponneront à n’importe quoi. Ce seront les plus faibles qui succomberont, qui paieront le prix du chaos, c’est-à-dire de la guerre de tous contre tous. L’Etat policier n’est pas seulement une machine diabolique qui se dresse au dehors et contre les personnes, il s’insinue dans chaque citoyen-sujet, qui finit par se barricader dans sa désolante solitude et invoquer « sécurité ! ».

Par cette supplication sinistre et raciste s’annoncent des temps sombres, la fin des mythes de la liberté et de la tolérance sur lesquels l’Occident a prétendu fonder sa supériorité. La Résistance n’appartient plus seulement aux peuples pillés, agressés et déchirés par les guerres missionnaires de l’impérialisme. La gangrène débute toujours dans la périphérie et rejoint ensuite les centres névralgiques. Maintenant que le premier monde tombe en morceaux, nous devons apprendre ceux qui ont été condamnés à résister à la misère par tous les moyens, gardant allumé le flambeau de leur dignité.

Ce n’est donc pas pour fuir de l’Occident que nous avons fondé Soumoud, mais pour lutter pour un futur de fraternité et solidarité. Nous ne voulons plus apaiser notre conscience en participant aux liturgies habituelles. Nous voulons expérimenter la politique des faits positifs et des exemples contagieux. Nous voulons avant tout nous changer nous-mêmes, car il n’est pas possible de changer le monde sans changer les hommes qui l’habitent.

Ce n’est pas donc en missionnaires que nous allons dans les camps de réfugiés palestiniens. Nous n’avons rien à leur apprendre, ni à les convaincre des valeurs hypocrites au nom desquelles l’Occident, Israël et les régimes fantoches arabes les ont martyrisés et renfermés dans des ghettos. Nous y allons parce qu’ils nous ont demandé de les aider à résister, et pour rendre à l’Occident une partie de la rage, de l’espoir de libération, de l’humanité qui a réussi à survivre dans la Résistance.

Porter nos corps dans l’enfer ou les damnés de la terre ont été jetés, en partager la soif de justice, respirer avec eux l’air de liberté qui les a tenus en vie, ceci est pour nous le volontariat anti-impérialiste. Ceci est Soumoud, l’appartenance à la communauté internationale des derniers, car seulement quand ceux-ci se seront affranchis de leurs chaînes l’humanité entière pourra se dire libre.

Camp chantier volontaire a Ein el-Hilweh Août 2009

Le projet ambitieux et concret que nous proposons à tous les jeunes qui partagent notre esprit, est de faire partie de la première brigade de travail volontaire dans le camp de réfugiés palestiniens de Ein el-Hilweh, dans le Sud du Liban, un véritable ghetto ou les conditions de vie des habitants (presque 100.000) sont inhumaines.

Un des buts principaux de la brigade est de travailler dur pour restaurer un vieux bâtiment qui abritait le siège du Front Populaire de Libération de la Palestine, à demi détruit par les attaques israéliennes, pour en faire en centre culturel et politique ouvert à tous les jeunes du camp de réfugiés.

Il est bien sûr nécessaire pour réaliser cette entreprise d’avoir le consentement e la coopération de ceux qui sont directement concernés : notre partenaire, l’association Nashed, composée de Palestiniens et Libanais, après en avoir discuté avec les autres groupes du camp de réfugiés, a garanti sa pleine collaboration au succès du projet.

Soumoud organisera un camp international de jeunes à la fin de Septembre dans le centre de l’Italie pour discuter de l’expérience au Liban et préparer de nouvelles activités.

Si vous souhaitez participer ou soutenir notre initiative, contactez-nous sur : info@sumud.org
Voit aussi site www.sumud.org

Le mot “soumoud” vient d’une racine arabe qui a beaucoup de sens différents: samda est un rocher fermement implanté dans le terrain; mismâd est une chamelle qui continue de donner du lait malgré la sécheresse. Il signifie donc impénétrabilité, attachement aux racines, résistance: mais ceux qui résistent, ne se laissant ni séduire ni soumettre, possèdent aussi la richesse intérieure. Soumoud donc indique aussi l’autodétermination et la liberté.