Contre les putschistes de Ramallah

19/06/2007

Soutien à  la rà©sistance du Peuple palestinien

Pierre-Yves Salingue
le 17/06/2007

Contre les putschistes de Ramallah
Soutien à  la rà©sistance du Peuple palestinien

Pierre-Yves Salingue
le 17/06/2007

Les rà©cents dà©veloppements de la situation à  Gaza et en Cisjordanie interpellent une nouvelle fois toutes les forces qui se revendiquent de la solidarità© avec le Peuple palestinien.
Dà©nonà§ant une " tentative de coup d'à©tat " par le Hamas à  Gaza, Mahmoud Abbas a prononcà© la dissolution du " gouvernement d'union nationale " constituà© aprà¨s l'accord de la Mecque, dà©crà©tà© l'à©tat d'urgence et dà©signà© Salam Fayyad comme nouveau Premier ministre à  la place de Ismail Haniyeh. Compte tenu de l'à©tat d'urgence dà©crà©tà©, le nouveau Premier ministre n'aura pas besoin de solliciter l'investiture du Conseil là©gislatif, à©chappant ainsi à  l'à©ventuelle sanction d'un parlement dà©jà  affaibli par l'arrestation de plus de la moitià© des à©lus Hamas de Cisjordanie, cependant que ceux à©lus à  Gaza ne peuvent venir sià©ger à  Ramallah !
Dans les heures qui ont suivi, le gouvernement des Etats-Unis, la Communautà© europà©enne et le gouvernement israà©lien ont fait part de leur satisfaction et annoncà© un renforcement de leur soutien à  Abbas : un gouvernement sans le Hamas autorise la levà©e du blocus, le rà©tablissement des aides, la restitution des fonds illà©galement confisquà©s etc.
La Ligue arabe a suivi de prà¨s, aprà¨s quelques hà©sitations tà©moignant des inquià©tudes de certains dirigeants arabes à  se compromettre chaque fois davantage en s'alignant trop explicitement sur leurs maà®tres impà©rialistes.

Quelles que soient les apparences et quelles que soient les exactions rà©ellement commises à  Gaza, il faut rà©tablir la và©rità© : Les putschistes ne sont pas ceux que les mà©dias aux ordres ont accusà© d'avoir " livrà© Gaza aux pillards " mais ceux qui ont, depuis la signature des accords d'Oslo, livrà© la Palestine toute entià¨re à  la colonisation sioniste.
Mahmoud Abbas, " grand architecte " de la trahison d'Oslo à©tait sans nul doute le plus qualifià© pour àªtre le grand chambellan de cette rà©volution de palais destinà©e à  donner aux gouvernements impà©rialistes et à  l'Etat sioniste le gouvernement palestinien qu'ils appelaient de leurs vÅ“ux. Salam Fayyad, dont le passà© de haut-fonctionnaire du FMI et de la Banque Mondiale garantit le sens du respect des exigences à©conomiques et financià¨res de l'ordre impà©rialiste, n'a aucun poids politique en Palestine (2,4% des suffrages lors des dernià¨res à©lections du Conseil là©gislatif), il ne bà©nà©ficie du support d'aucune organisation et ne reprà©sente donc aucun danger pour les petits barons du Fatah, supplà©tifs de l'à©tat colonial et disposà©s à  se contenter d'une place subalterne dans le projet impà©rialiste pour le Moyen-Orient.
Quant au nouveau ministre de l'intà©rieur, Abdel Razaq Yehiyeh, il s'à©tait dà©jà  rendu cà©là¨bre quand il occupait la màªme fonction dans le premier gouvernement d'Abbas, en dà©clarant en septembre 2002 que " Tous les actes de rà©sistance caractà©risà©s par de la violence tels le recours à  des armes et màªme à  des pierres (...) sont nuisibles " Le putsch, dont le principe avait à©tà© dà©cidà© dà¨s les lendemains de la victoire à©lectorale du Hamas en janvier 2006, a à©tà© envisagà© et repoussà© à  plusieurs reprises.
Faute de pouvoir passer à  l'acte rapidement, compte tenu de la volatilità© de la situation rà©gionale, suite notamment à  l'agression israà©lienne contre le peuple libanais, Abbas et la direction du Fatah ont systà©matiquement refusà© au Hamas le droit d'exercer le mandat qu'il avait reà§u des à©lecteurs de Gaza et de Cisjordanie.
Le conflit en rà©sultant avec le Hamas s'est progressivement focalisà© sur la question du contrà´le des forces de sà©curità©, Abbas et le Fatah refusant au Hamas d'exercer ses prà©rogatives de parti majoritaire dans ce domaine particulià¨rement sensible compte tenu du rà´le protecteur des intà©ràªts israà©liens confià©s à  l'Autorità© palestinienne.
Cette dà©cision à©tait aussi destinà©e à  provoquer une rà©action violente de la part du Hamas et à  trouver ainsi l'alibi dont Abbas et la direction du Fatah à©taient privà©s du fait de la tràªve respectà©e par le Hamas dans les attaques contre Israà«l.
Du gouvernement fantà´me mis en place par Abbas à  sa menace de recourir à  un rà©fà©rendum instrumentalisant le document des prisonniers en mai 2006, de la provocation à  la grà¨ve contre le nouveau gouvernement, en refusant de payer les salaires des fonctionnaires de l'Autorità© alors que les caisses de la Prà©sidence à©taient pleines, aux interminables nà©gociations relatives à  un gouvernement d'unità©, - d'abord refusà© par le Fatah puis posà© comme une condition de partage des pouvoirs - les à©mules palestiniens de Pinochet ont cherchà© à  gagner du temps pour augmenter leurs chances de succà¨s dans une confrontation qui s'annonà§ait difficile, notamment à  Gaza.
Depuis plus d'un an les informations ont filtrà©, confirmant la dà©cision prise d'à©liminer l'obstacle issu du vote dà©mocratique de janvier 2006 : aide financià¨re exceptionnelle de 75 millions de dollars du gouvernement des Etats-Unis et fournitures d'armes avec l'accord des Israà©liens pour le renforcement de la garde prà©sidentielle d'Abbas, entraà®nement de ces màªmes forces à  Jà©richo et en Egypte etc.

Il faut bien entendu dà©noncer la farce dà©mocratique consistant à  prà©senter comme là©gitime un Premier ministre ayant obtenu 2,4% aux à©lections, quand celui choisi par le parti qui avait obtenu 43% ne l'à©tait pas !
A ceux qui parlent de " coup de force du Hamas " à  Gaza, il faut rappeler ce que tout observateur impartial de la situation à  Gaza sait et qui a à©tà© maintes fois expliquà© par les journalistes et commentateurs qui ne prennent pas leurs informations auprà¨s du Mossad ou de l'ambassade des USA en Israà«l : L'initiative du terrorisme inter-palestinien et de la violence à  Gaza appartient au fasciste maffieux Dahalan qui a tout fait pour crà©er une situation de chaos susceptible de justifier une intervention rà©pressive brutale. Or, malgrà© son à©chec à  Gaza, c'est Dahalan que Mahmoud Abbas a choisi pour l'accompagner dans sa rencontre le 16 juin avec le Consul gà©nà©ral des Etats-Unis, pour y prendre ses consignes et recevoir les fà©licitations du gouvernement des Etats-Unis et c'est ce màªme Dahalan qui dà©clarait dimanche 17 juin à  des responsables jordaniens qu'un plan de reconquàªte de Gaza et d'à©limination des forces du Hamas à©tait à  l'ordre du jour.
Dans le màªme temps Barak, nouveau ministre de la dà©fense israà©lien et premier artisan avant Sharon de la rà©pression de la deuxià¨me Intifada, passait commande à  l'Etat-major de l'armà©e israà©lienne de plans d'attaque massive contre Gaza.

Il faut donc refuser toute symà©trie et tout renvoi dos à  dos entre d'une part le camp de ceux qui ont depuis longtemps brisà© l'unità© du Peuple palestinien, notamment en signant la reddition d'Oslo, ceux qui ont vendu la Palestine pour quelques avantages financiers et de prestige, ceux qui sont toujours pràªts à  brader ce qui reste d'une Palestine colonisà©e, dà©pecà©e et martyrisà©e pendant qu'ils " nà©gociaient " avec leurs comparses sionistes et ceux qui, quels que soient leurs dà©fauts, leurs erreurs et leurs contradictions ont reà§u en janvier 2006 l'appui de la majorità© de la population parce qu'ils incarnaient la poursuite de la rà©sistance et le refus de la corruption et de la collaboration avec l'occupant israà©lien.

S'agissant du Hamas, les prochaines semaines seront dà©cisives. Soit ses dirigeants prennent conscience de l'erreur consistant à  croire et à  entretenir l'illusion qu'il est possible de gouverner dans l'intà©ràªt de la population palestinienne dans le cadre du dispositif d'Oslo, crà©à© pour briser l'unità© de la cause palestinienne et liquider la question nationale et pour protà©ger les avantages et privilà¨ges de ceux qui ont renoncà© à  incarner cette lutte et ses objectifs. Soit ils s'obstinent à  penser qu'ils peuvent utiliser ce dispositif et y faire la dà©monstration de leurs aptitudes à  gouverner et à  simultanà©ment dà©fendre les objectifs de libà©ration.
Dans le premier cas, le Hamas fera le choix de quitter et de dà©noncer l'Autorità© et d'en revenir à  l'action politique de rà©sistance, avec l'objectif de contribuer à  la reconstruction d'un mouvement de libà©ration rendue nà©cessaire par la faillite de l'OLP dominà©e par le Fatah d'Arafat et d'Abbas.
Dans le deuxià¨me cas, il sera à  son tour victime des contradictions de cette stratà©gie calamiteuse pour le mouvement national palestinien et, à  l'image de ce qui est arrivà© au Fatah et à  l'OLP, il abandonnera les objectifs de libà©ration nationale et se retrouvera à  quà©mander l'autorisation de s'asseoir à  la table du maà®tre, à  l'encontre des intà©ràªts và©ritables du Peuple palestinien.
Aujourd'hui la pià¨ce n'est pas jouà©e mais il faut bien constater l'existence de signes inquià©tants.
Dans une rà©cente interviewe au Figaro (15 juin 2007) Haniyeh a dà©clarà© : " …notre programme est clair. Nous souhaitons la crà©ation d'un à©tat dans les frontià¨res de 67, c'est à  dire à  Gaza et en Cisjordanie avec Jà©rusalem Est pour capitale. L'OLP reste en charge des nà©gociations. Nous nous engageons à  respecter tous les accords passà©s, signà©s par l'Autorità© palestinienne… "
Dans le màªme temps Kahled Mechaal dà©clarait depuis Damas que Abbas à©tait là©gitime, comme le Fatah et comme le Hamas, qu'il fallait reprendre le dialogue inter-palestinien sous supervision arabe, qu'il n'y avait pas de crise rà©elle entre le Fatah et le Hamas etc.
On saura rapidement s'il ne s'agit que de propos tactiques visant à  surmonter les dangers d'isolement pesant aujourd'hui sur le Hamas, ou si on voit là  s'affirmer la possible adaptation opportuniste d'une organisation qui se rà©fà¨re en dà©finitive d'abord à  l'idà©ologie des Frà¨res Musulmans et qui ferait le choix de prioriser sa survie, pour poursuivre un combat plus important pour elle que la libà©ration de la Palestine, celui de son islamisation qui ne saurait se rà©aliser qu'à  long terme et suivant des modalità©s bien diffà©rentes ce celles d'une lutte de libà©ration nationale.
De ce point de vue il est assez tragique de constater, une fois encore, l'absence totale d'une claire alternative permettant aux militants palestiniens de gauche de disputer aux courants islamiques l'expression populaire de la rà©sistance à  l'offensive impà©rialiste et aux plans sionistes.
Dans un communiquà© datà© du 14 juin, le FPLP en appelait à  la fin des combats inter-palestiniens, à  " un dialogue national total " et pointait la responsabilità© dans les à©và¨nements de l'accord de La Mecque, au seul motif qu'il consolidait " le dualisme " Fatah/ Hamas sans donner leur place aux autres forces politiques palestiniennes… On n'y trouve aucune dà©nonciation du rà´le d'agent de l'impà©rialisme jouà© par Abbas, ni dà©nonciation des responsabilità©s particulià¨res de la direction du Fatah dans " l'effondrement des valeurs et des principes ", ni à©noncà© de la faillite inà©vitable de toute recherche d'une solution ne brisant pas le cadre des accords d'Oslo.
On y chercherait en vain l'affirmation de l'impossibilità© d'une " unità© nationale " entre forces qui veulent rà©sister et forces qui veulent liquider toute rà©sistance populaire etc.

Pour autant, pour les forces qui veulent soutenir le Peuple palestinien, il convient de ne pas chercher d'alibi à  l'inaction dans l'absence d'alternative claire au cours politique catastrophique suivi par les forces principales du mouvement national palestinien.
S'il faut bien entendu dà©noncer les responsabilità©s premià¨res de l'impà©rialisme et de l'Etat sioniste dans la situation actuelle du Peuple palestinien, s'il n'est pas faux de dire que les affrontements inter-palestiniens sont une consà©quence directe de l'occupation coloniale, on ne peut en rester là  et encore moins se contenter de " condamner la violence suicidaire inter palestinienne " ( !) comme le fait un communiquà© de l'AFPS publià© le 15 juin. Le courant politique, regroupà© autour d'Abbas et de Dahalan et qui dirige le Fatah, n'est pas un courant avec lequel celles et ceux qui soutiennent la rà©sistance du Peuple palestinien ont seulement " des divergences " : c'est un courant avec lequel nous devons rompre tout lien et que nous devons combattre sans concession. On ne peut pas se mobiliser aux cà´tà©s d'un peuple qui lutte pour ses droits et, dans le màªme temps, aider à  propager la parole de celles et ceux qui liquident ces droits.

Dans le coup de force d'hier comme dans ceux à  venir prochainement, il faudra choisir son camp.