Cri d'alarme du peuple haïtien

08/04/2008

Jirah Smet, Ligue haïtienne anti-impà©rialiste

La situation en Haïti est trà¨s prà©occupante, où la population, menacà©e par la famine, ne sait plus à  quel saint se vouer. Depuis le jeudi 3 avril, des dizaines de milliers d'haïtiens en colà¨re manifestent contre la hausse des prix des produits sur le marchà©, en particulier des denrà©es alimentaires. Ils manifestent leur colà¨re contre le pouvoir en place qui, jusqu'à  maintenant n'a rien fait pour amà©liorer la situation, mais aussi et surtout contre les Nations Unies qui font tout pour maintenir le peuple haïtien en otage.

En effet, si c'est seulement maintenant que le peuple se rà©veille, c'est tout simplement parce que contrairement à  ce qu'on dit et pense du peuple haïtien, c'est un peuple trà¨s patient. Car cela fait dà©jà  deux ans qu'il a à©lu un prà©sident dans l'espoir de connaà®tre des jours meilleurs, mais tout ce qu'il a rà©coltà© jusqu'ici, c'est la dà©ception.

En rà©alità©, ce qui se passe actuellement en Haïti doit pousser tous les progressistes à  rà©flà©chir sur la nature màªme du systà¨me en place. Depuis l'assassinat de Dessalines, le systà¨me politico social qu'il voulait implanter dans son pays a à©tà© tuà© dans l'Å“uf et remplacà© par un systà¨me purement capitaliste dictà© par la bourgeoisie monopoliste qui, au fil des temps, va s'accoupler avec les puissances impà©rialistes, parce qu'ils ont les màªmes intà©ràªts. C'est pourquoi, dà¨s lors qu'il y a une crise dans le pays, cela ouvre une porte aux puissances impà©rialistes qui vont en profiter pour manipuler l'opinion grà¢ce à  de puissants moyens, de tà©là©-organiser la rà©bellion via leurs complices nationaux, contre le dirigeant dont la couleur politique ne reflà¨te pas leurs aspirations. Ensuite ils interviennent et installent des dirigeants à  leur service. De plus, une chose à  ne pas oublier, c'est que depuis son indà©pendance, Haïti est condamnà© par l'occident à  àªtre exclu du monde pour ne pas influencer et servir de modà¨le à  d'autres Nations en quàªte de justice, de libertà©, de dà©mocratie et de souverainetà© sur leur propre territoire.

Cela à©tant, la souffrance du peuple haïtien ne date pas d'aujourd'hui, mais elle s'est accrue depuis ces dernià¨res dà©cennies et surtout depuis la dernià¨re intervention de l'ONU dans le pays, en 2004. Et chaque jour qui luit la misà¨re des Haïtiens devient de plus en plus abjecte. Le gouvernement est complice dans l'aggravation de la situation, dans la mesure où il se soumet ignominieusement aux injonctions des puissances impà©rialistes quant à  la politique à©conomique à  appliquer dans le pays. Cette politique rà©pond strictement au plan du FMI et de la banque mondiale. Lorsque le FMI accorde un pràªt à  un pays, il dicte comment l'argent doit àªtre utilisà©, quel genre de projet il doit financer. On doit lui obà©ir, sinon pas d'argent. Or les projets financà©s par le FMI n'ont rien à  voir avec l'amà©lioration de la situation de la population, màªme s'ils peuvent contribuer à  une croissance de l'à©conomie. En matià¨re de statistique on peut constater certes une amà©lioration de l'à©conomie, mais ce qui est paradoxale, c'est que la souffrance du peuple augmente en màªme temps. C'est l'exemple des pyramides de l'Egypte : lorsqu'on regarde ces pyramides, ils reprà©sentent la croissance à©conomique du pays à  cette à©poque, mais cette croissance n'a pas amà©liorà© la condition des esclaves qui construisaient ces pyramides.

A la suite de cet exemple, on peut bien comprendre que le systà¨me politique dans lequel on à©volue en Haïti est un systà¨me criminel qui exploite et opprime la population au profit des capitalistes. Donc la souffrance du peuple n'inquià¨te pas les dirigeants.

Alors que le gouvernement dit ne pas disposer de moyens pouvant lui permettre d'amà©liorer les conditions de vie de ses compatriotes, l'Etat haïtien doit, dans une large mesure, supporter à©conomiquement la prà©sence de la force d'occupation, la MINUSTAH. Il faudrait bien que le peuple demande au gouvernement de lui rendre des comptes quant au coà»t de la MINUSTAH, sachant que ce sont les contribuables qui en font les frais. S'il y avait une volontà© rà©elle d'aider le peuple haïtien, au lieu de nous envoyer prà¨s de 10 000 soldats qui tuent, qui violent et qui volent, les soi-disant pays amis pourraient nous aider à©conomiquement à  crà©er nos propres forces de sà©curità©. D'ailleurs, on a trop d'Haïtiens qui sont au chà´mage, trop de jeunes qui seraient pràªts à  intà©grer l'armà©e ou la police. Tout ce qu'il nous faut c'est les moyens matà©riels et à©conomiques. Màªme une police nationale de 20 000 hommes avec une force de surveillance et de dà©fense du territoire de 17 000 hommes nous coà»teraient moins cher que ce que nous coà»te la MINUSTAH. De plus, il s'agirait de nos propres forces et leur travail serait plus efficace ; car les Haïtiens connaissent mieux la rà©alità© de leur pays. D'un autre cà´tà©, cela nous permettrait de rà©duire le taux de chà´mage. Et dans tous les cas, aucune force à©trangà¨re ne peut stabiliser un pays. D'ailleurs, ce n'est pas leur but. Il s'agit toujours de mission maquillà©e. Au nom du " maintien de la paix ", ils violent la souverainetà© des pays pour satisfaire leur dà©sir impà©rial.

Aujourd'hui, alors que le peuple haïtien est menacà© par la famine, la maladie, l'Etat d'Haïti continue de supporter une force d'occupation imposà©e par les puissances impà©rialistes criminelles ( IFAC ). C'est un crime odieux que de laisser son peuple mourir de faim, pendant que l'argent des contribuables est utilisà© pour payer des mercenaires. C'est un crime monstrueux que de ne pas porter assistance à  une population en danger de mort, alors que des parlementaires et des membres du gouvernement roulent en voiture de location, toujours aux frais des contribuables. Il faut que le peuple continue à  se mobiliser. Il faut que l'Etat rende des comptes. Le peuple haïtien ne doit pas mourir. La MINUSTAH doit partir ! Les manifestations qui ont eu lieu le week-end à©coulà© sont un cri d'alarme du peuple haïtien. Et ce n'est que le dà©but d'un long processus de mobilisation des masses.

Nous soutenons TOUTES FORMES de luttes pouvant aboutir au dà©part de la MINUSTAH. Nous encourageons le maintient des mouvements de manifestation pour exiger le gouvernement à  respecter ses obligations envers le peuple haïtien et à  faire respecter la souverainetà© du pays.

Vive Haïti ! Vive la lutte du peuple haïtien ! Abas la MINUSTAH ! Abas l'occupation !

Port-au-Prince, le 07/04/2008
www.ligue-haiti.org