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Lettre de l’opposition anti-impérialiste tchadien à  Chirac

24. June 2006

Nous, Peuple tchadien martyr, vous accusons de complicità© de crimes
contre l’humanità© et de gà©nocide pour votre soutien politique,
militaire, financier, inconditionnel sans faille et permanent au rà©gime
du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno.

LE 14 JUIN 2006

LETTRE OUVERTE DU SECRà‰TAIRE Gà‰Nà‰RAL DE L’ACTION DU TCHAD POUR L’UNITà‰
ET LE SOCIALISME (ACTUS), Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum
À SON EXCELLENCE MONSIEUR JACQUES CHIRAC, PRà‰SIDENT DE LA Rà‰PUBLIQUE FRANÇAISE.

EXCELLENCE MONSIEUR LE PRà‰SIDENT,

Nous, Peuple tchadien martyr, vous accusons de complicità© de crimes contre l’humanità© et de gà©nocide pour votre soutien politique, militaire, financier, inconditionnel sans faille et permanent au rà©gime du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno. En effet, cette criminelle dictature est l’une des plus sanguinaires du Continent africain comme en tà©moigne, si besoin à©tait, le maccabre palmarà¨s de plus de 25.000 Tchadiens assassinà©s en 15 ans de tyrannie implaccable selon les rapports des associations des Droits de l’Homme.

Le 14 mai 2006, notre Peuple vient de subir une nouvelle humiliation. L’impà©rialisme franà§ais, la Franà§afrique nous dà©clara la guerre. Le troisià¨me coup d’à©tat ou hold-up à©lectoral, aprà¨s ceux de 1996 et 2001, tous soutenus par la Franà§afrique, vient de rà©ussir :
la proclamation de la victoire du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno à  la prà©sidentielle au premier tour avec 77,53%. Ce scrution du 3 mai massivement boycottà© par l’opposition et le Peuple traumatisà©, a connu une participation ridicule tout au plus 8% d’à©lecteurs selon les estimations les plus optimistes des observateurs impartiaux internationaux, le CPDC. Le quotidien Gabonsnews du 04.05.2006 à©crivait : “…À treize heures,les bureaux de vote à  N’Djamena sont restà©s, pour la plupart,dà©sespà©rà©ment vides,a-t-on constatà©. Au bureau de vote de la gare routià¨re, quartier Naga II dans le quatrià¨me arrondissement, considà©rà© comme un bastion du parti au pouvoir, à  la mi-journà©e,sur 520 inscrits, seuls 20 ont votà©. Au quartier N’Djari, toujours une zone considà©rà©e comme acquise au parti au pouvoir, à  11h30, seuls 30 personnes ont votà© dans le bureau du Carrà© 17B pour un total de 410 inscrits…”.
Le boycottage des urnes par la majorità© de la population a à©tà© confirmà© par une forte abstention selon les diplomates et les journalistes occidentaux (Source : L’Express du 28 mai 2006).
Face à  la tolà©e de l’opinion internationale, la cour constitutionnelle a revu à  la baisse les premiers chiffres avancà©s le 14 mai dernier : le taux de participation a à©tà© ramenà© à  53% et non à  70% initialemment, et 64,67% le pourcentage acquis par le candidat Dà©by au lieu de 77,53%.
Dans son rapport, le Vice-prà©sident de la Fà©dà©ration Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Dobian Assingar a qualifià© le scrutin de mascarade :” En gà©nà©ral le taux de participation a à©tà© trà¨s faible. Nous avons notà© la prà©sence de nombreux hommes en tenue dans les bureaux de vote et la distribution massive de cartes d’à©lecteurs le jour du vote aux mineurs…”.
Maà®tre Delphine Djiraïbà©,Coordinatrice du Comità© de suivi de l’appel à  la paix et la rà©conciliation, d’ajouter ” La non participation des populations à  l’à©lection du 3 mai confirme que, ni un coup de force militaire, ni un coup de force à©lectoral ou institutionnel ne peuvent àªtre une rà©ponse à  la crise socio-politique que traverse le pays ” et de conclure avec amertume au nom du Comità© ” Nous regrettons une fois de plus le refus catà©gorique du pouvoir, soutenu dans sa logique par la France, d’ouvrir le dialogue national avant l’à©lection “.

Excellence, Monsieur le Prà©sident, comme à  l’accoutumà©e dans la tradition franà§africaine, votre gouvernement, par la voix du Porte-Parole du Quai d’Orsay, Jean-Baptiste Mattà©i, a approuvà© cet hold-up à©lectoral dans sa dà©claration du 14 mai 2006. Votre objectif a à©tà© atteint au dà©triment de celui de notre Peuple victime de cette dictature coupable de flagrant dà©lit d’illà©gitimità©.
Le Peuple ne reconnaà®t pas et n’acceptera jamais les rà©sultats de cette farce à©lectorale. Ils sont nuls et de nuls effets. Le prà©tendu Prà©sident à©lu, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno est illà©gitime aux yeux de notre Peuple selon les normes universalement reconnues en matià¨re de votes dà©mocratiques.
Contre la volontà© de notre Peuple,vous persistez à  imposer le dictateur fasciste, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno. On ne peut gouverner indà©finiment un Peuple par la coercition et les crimes. Pour sa survie, notre Peuple doit appliquer la là©gitime dà©fense. Notre Peuple choisira la riposte adà©quate et le moment opportun pour exprimer son exaspà©ration contre ces coups d’à©tats permanents, cette usurpation et confiscation du pouvoir par le tyran que vous soutenez sans à©tat d’à¢me.

Excellence, Monsieur le Prà©sident,vous demeurez aveugle et aphone depuis plus d’une dà©cennie face à  la dà©tresse et aux souffrances du Peuple tchadien qui n’a cessà© de vous à©crire pour vous alerter de la tragà©die qu’il vit au quotidien. C’est aussi dans cette optique que nous vous avons à©crit en 2001 suite au hold-up à©lectoral où votre protà©gà© a pour une deuxià¨me fois rà©ità©rà© le màªme coup que celui de 1996. Vous à©tiez parmi les premiers Prà©sidents à  le fà©liciter et à  reconnaà®tre cet hold-up à©lectoral qualifià©e de ” dà©mocratique ” par votre gouvernement.
Vous avez rà©ità©rà© votre amitià© et soutien au dictateur, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno dans votre message de fà©licitations du 31 mai 2006 que vous lui avez adressà© lors de son troisià¨me hold-up à©lectoral du 3 mai 2006 (Source : AP, cità©e par le Nouvel Observateur du 31.05.06).
Votre lettre commence par ces mots lourds de signification : ” Monsieur le Prà©sident, Cher Ami ” et se poursuit en ces termes : ” A l’occasion de votre rà©election à  la tàªte de l’Etat tchadien, je vous adresse mes chaleureuses fà©licitations et tous mes vÅ“ux de succà¨s dans votre haute mission “. Ces phrases sont une và©ritable offense à  la mà©moire des 25.000 Tchadiens assassinà©s par votre Ami et de surcroà®t vous l’encouragez chaleureusement en lui souhaitant succà¨s dans sa haute mission gà©nocidaire.
Comment oseriez-vous, en votre qualità© de Prà©sident d’un pays dà©mocratique qui fut à  l’origine de la Dà©claration des Droits de l’Homme du 26 aoà»t 1789, faire l’apologie d’une des plus cruelles dictatures du Continent africain et àªtre Ami d’une telle abjection ?
Nous prenons acte de votre mà©pris et surtout de ce dà©ni de dà©mocratie et du droit à  la vie au relent raciste car la vie d’un Noir n’a aucune importance à  vos yeux.

Votre action au Tchad ne serait-elle pas l’application de votre profonde pensà©e mà©prisante et raciste pour les Noirs? Les Africains exaspà©rà©s l’affirment aujourd’hui avec rage et sans retenue aucune sous tous les cieux. Ils sont confortà©s dans cette certitude à  travers vos dà©clarations : celle de 1989 à  Abidjan ” la dà©mocratie est un luxe pour les Africains “, suivie de celle du 19 juin 1991 ” les odeurs et le bruit des à©trangers des HLM”.
L’article 4 controversà© de la loi du 23 fà©vrier 2005 demeure encore profondà©ment enracinà© dans l’esprit de nombre de politiques franà§ais. Abrogà© sous la pression et la colà¨re des peuples colonisà©s et des progressistes franà§ais, cet article qui stipule le rà´le ” positif ” de la colonisation ne serait pas à©tranger à  ce comportement de mà©pris des Peuples africains par les gouvernements franà§ais successifs de gauche et de droite, gà©niteurs et apologistes des dictateurs sur le Continent noir. Partant du principe de la mission coloniale civilisatrice, les bombardements de l’Armà©e franà§aise des insurgà©s tchadiens du FUCD du 13 avril 2006, seraient l’apport à  cette horde de sauvages noirs tchadiens, de la civilisation raffinà©e blanche supà©rieure en dà©fendant le gardien du temple colonial, le dictateur Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno. L’apport d’une mission civilisatrice sous les bombes, aucun Peuple au monde ne l’accepterait !

Excellence Monsieur le Prà©sident, quels crimes avons-nous commis, nous descendants de ces valeureux soldats tchadiens qui ont combattu à  leur corps dà©fendant pour libà©rer la France du joug et de la domination nazie en 1939 ? Rappelons au demeurant que les soldats africains ont payà© de leur sang la libertà© de l’Europe et surtout de celle de la France sous domination nazie. Le Dà©putà© Gaston Monnerville (petit fils d’esclave noir de Guyane) dà©larait devant l’Assemblà©e consultative le 25 mai 1945 ” Sans son Empire, la France ne serait aujourd’hui qu’un pays libà©rà©. Grà¢ce à  son Empire, la France est un pays vainqueur “.
Pourquoi manifestez-vous à  notre à©gard une telle haine viscà©rale? Pourquoi compromettre à  jamais l’avenir des gà©nà©rations futures du Tchad en imposant un fasciste, un dictateur criminel pour lequel le Peuple a une haine viscà©rale?
Pourriez-vous alors comprendre que l’on ne peut pas gouverner indà©finiment un Peuple contre sa volontà©? Les insurrections armà©es contre ce rà©gime qui se rà©pandent comme une trainà©e de poudre sur l’à©tendu du territoire national depuis 16 ans, sont une rà©action de là©gitime dà©fense et d’instinct de survie à  l’instar de celle dirigà©e par le Gà©nà©ral De Gaulle pendant la Seconde Guerre Mondiale contre la dictature et les crimes nazis.
La rà©sistance franà§aise à©tait une là©gitime rà©action aux crimes nazis. Les FTP-MOI et FFI à©taient des rebelles et rà©sistants. Le Peuple tchadien insurgà© a aussi le droit comme le Peuple franà§ais de se rebeller et de rà©sister contre un rà©gime fasciste qu’incarne à  merveille votre protà©gà©, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno.

Excellence Monsieur le Prà©sident, nous sommes des humains comme votre Peuple alors pourquoi ne nous reconnaissez pas ce droit à©là©mentaire de tout àªtre humain, le droit à  la vie ?
Rappelons au demeurant cette và©rità© historique que le racisme insidieux et latent s’efforce d’extirper de la mà©moire collective des Franà§ais, que les soldats africains ont payà© de leur sang la libertà© de l’Europe et surtout celle de la France sous domination nazie.
Les films ” Un enfant du pays ” de Pierre Javaux, ” Indigà¨nes “, de Rachid Bouchareb et ” Thiaroye 44 ” de Sembà¨ne Ousmane sont des films qui rendent hommage aux soldats noirs et magrà©bins qui ont participà© à  la libà©ration de la France.
Enfin, pour paraphraser le chanteur franà§ais Maxime Leforestier, nous sommes le fruit du hasard car on ne choisit pas ses parents, sa couleur, son pays, son trottoir pour apprendre à  marcher…

Excellence Monsieur le Prà©sident, nous venons une seconde fois attirer votre attention sur votre politique africaine. Nous condamnons fermement la politique criminelle africaine de la France dont vous àªtes l’initiateur. En effet, la Constitution de la 5à¨me Rà©publique vous confà¨re la haute main sur la politique à©trangà¨re.
Nous, Peuple tchadien victime de cette tyrannie, avons le droit de crier avec force notre colà¨re pour exprimer notre profonde douleur loin de la pensà©e unique et du politiquement correct verbal. Personne d’autre, mieux que notre Peuple saurait apprà©cier la profondeur de la blessure dans notre chair et à¢me, et la riposte adà©quate à  apporter. Inversement, Excellence Monsieur le Prà©sident, quelle serait votre attitude si les crimes commis par le rà©gime du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno touchaient ceux qui vous sont chers : vos parents, amis, frà¨res,sÅ“urs ou simplement des hommes et femmes autour de vous ? Alliez-vous applaudir, garder un mutisme complice et approbateur en assistant passivement à  cette tragà©die quotidienne sans rà©agir face aux hommes, femmes, enfants à©gorgà©s ou qui subissent des traitements dà©gradants et humiliants ou sont fusillà©s, et enfin des villages incendià©s pour cause d’appartenance de rebelles ?
Si par extrapolation à  votre dà©partement, la Corrà¨ze, accepteriez-vous le principe du chà¢timent collectif, c’est à  dire que des communes de votre dà©partement soient rà©duites en cendres en rà©presailles d’un acte commis par quelques correziens ?
Votre soutien, celui de la France rà©publicaine, dà©mocratique à  un Prà©sident dictateur criminel jette de l’opprobre sur le riche et humaniste hà©ritage prà©curseur de la dà©mocratie et des Droits de l’Homme de l’hexagone des Sià¨cles des Lumià¨res. N’est-il pas paradoxal de constater que l’Armà©e franà§aise d’un pays dà©mocratique, entretenue par l’argent des contribuables fasse l’apologie de la dictature ? Vos belles paroles et promesses de dà©fense de la dà©mocratie en Afrique ne sont qu’une imposture. Votre dà©mocratie à  gà©omà©trie variable est vraisemblablement un luxe pour les Noirs.
Ce racisme est confirmà© dernià¨rement par le changement de rà©gime en Mauritanie nà©gro-africaine et arabisà©e, issu du coup d’à©tat du 3 aoà»t 2005 du colonel Ely Ould Mohammed Vall, Directeur de la sà»retà© nationale mauritanienne depuis 1987. Les Blancs ont le droit de rà©gler leurs problà¨mes internes sans immixtion de l’hexagone. Ce droit n’est pas reconnu aux Noirs. C’est suivant cette logique que le coup de force en Mauritanie n’a suscità© aucune condamnation de la France en revanche au Tchad, lors de la percà©e fulgurante des insurgà©s tchadiens du FUCD le 13 avril 2006 aux faubourgs de N’Djamà©na, nous avons assistà© à  la rà©action rapide et ferme du Gouvernement franà§ais d’abord par l’intervention militaire, puis par la voix du porte-parole du Quai d’Orsay Jean-Baptiste Mattà©i qui martella : “…nous refusons la prise du pouvoir par les armes” et pourtant, c’est bien la France qui a aidà© le Colonel Idriss Dà©by à  prendre le pouvoir par les armes en dà©cembre 1989 en renversant le Prà©sident d’alors Hissà¨ne Habrà© en odeur de saintetà© avec les USA qui voulaient en dà©coudre avec le Colonel Kadafi de Libye, mais aussi parce que Hissà¨ne Habrà© aurait aussi manifestà© quelques veillà©ità©s d’indà©pendance par rapport à  la Franà§afrique en octroyant le pà©trole tchadien aux USA (Cf.Dossier Noir de la politique africaine de la France N°13, à©d. L’Harmattan, Paris, 1999).
Les coups d’à©tat militaires initià©s par la France dans le prà©-carrà© sont là©gions, là©gitimes et conformes à  la politique africaine de la France : au Tchad, au Mali, au Gabon, au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Togo, au Bà©nin, en Cà´te-d’Ivoire, aux Comores, à  Djibouti …
La prolifà©ration des mouvements armà©s au Tchad, expression là©gitime des masses populaires en rà©action aux crimes commis quotidiennement par votre Ami Idriss Dà©by Itno depuis 16 ans, dà©montre le rejet total de son pouvoir par notre Peuple. Excellence Monsieur le Prà©sident, seriez-vous conscient et bien informà© de la situation politique rà©elle au Tchad ?
Le soutien de la France aux coups d’à©tat militaires du Gà©nà©ral Franà§ois Bozizà© en collaboration avec le corps expà©ditionnaire du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno, le 13 mars 2003 contre le Prà©sident dà©mocratiquement à©lu Ange-Fà©lix Patassà© qui aurait manifestà© quelques vellà©ità©s d’indà©pendance en fermant les bases militaires franà§aises en Centrafrique, la guerre que continue de livrer la France au Prà©sident de la Cà´te-d’Ivoire, Monsieur Laurent Gbagbo,dà©mocratiquement à©lu et non imposà© par l’Elysà©e et la Franà§afrique, le soutien de la France au coup d’à©tat de Faure Gnangsibà©, le fils de votre autre Ami,le Gà©nà©ral Gnangsibà© Eyadema du Togo, instaurant de fait une monarchie constitutionnelle…sont autant de preuves qui viennent corroborer votre dà©ni de dà©mocratie à  l’Afrique noire.
Quand les Peuples, victimes des dictateurs criminels que vous leur imposez, s’insurgent, votre gouvernement les qualifie de rebelles et emploie son refrain classique : “…nous refusons la prise du pouvoir par les armes “. Le mà©pris des Noirs, leur infantilisation, leur humiliation permanente et leur domination nà©o-coloniale continuent. Cela est intolà©rable, insupportable et doit cesser.

Excellence, Monsieur le Prà©sident, cette tradition coloniale d’essence raciste, profondà©ment ancrà©e dans votre subconscient est certes issue du passà© de la traite nà©grià¨re, puis du passà© colonial de votre pays. Cependant, le Peuple tchadien n’entend nullement rester esclave de la Franà§afrique au dà©but de ce troisià¨me millà©naire. Nous n’acceptons pas de voir les nà´tres àªtre raccourcis quotidiennement par votre Ami Dà©by. Il est par consà©quent là©gitime que notre Peuple se batte les armes à  la main pour se libà©rer de cette oppression du pouvoir fasciste du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by, à  l’instar des rà©sistants franà§ais : le Gà©nà©ral De Gaulle, les FFI , les FTP qui ont libà©rà© par les armes la France de l’occupation nazie de 1939.

Cette politique de la France, d’essence raciste, impà©rialiste et coloniale appliquà©e en particulier au Tchad depuis l’indà©pendance nominale de 1960 a fait des milliers de morts, orphelins et handicapà©s dans chaque famille sur le territoire national. En effet, les Dictateurs-Prà©sidents criminels, notamment, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno que votre pays continue à  soutenir inconditionnellement et de l’imposer en toute impunità© au Peuple tchadien depuis 16 ans, est un acte assimilable à  non-assistance à  Peuple en danger de mort. C’est une complicità© de gà©nocide car selon les rapports des associations des Droits de l’Homme, plus de 25.000 tchadiens ont à©tà© assassinà©s par ce rà©gime depuis 1990. La vie des Noirs n’a aucune valeur à  vos yeux.
Le politiquement correct en expression, la pudeur, l’indiffà©rence ou le silence ont toujours à©ludà© ce gà©nocide silencieux, mà©ticulà©, programmà© et endà©mique au Tchad. Pourquoi, les survivants profondà©ment meurtris dans leurs chairs par les assassinats quotidiens du rà©gime du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno de leurs enfants et nourrissons, frà¨res, sÅ“urs, mà¨re, pà¨re, amis, vieux et jeunes devraient-ils se taire, pleurer ou mourir en silence sans oser se dà©fendre ?
Outre ces assassinats, les plus ” chanceux ” et survivants subissent quotidiennement des traitements humiliants et dà©gradants, des viols et confiscations de leurs biens.
La cruautà© de votre protà©gà© n’a jamais à©tà© à©galà©e dans les annales de la barberie des dictateurs comme en tà©moignent les exemples des femmes enceintes qui ont à©tà© à©ventrà©es et les fÅ“tus arrachà©s ! (Cf. Tchad le procà¨s d’Idriss Dà©by,Tà©moignage à  charge. Ngarlejy Yorongar, à©d. L’Harmattan, Paris, 2003).
D’autres sources indà©pendantes comme celle du Pasteur suisse, Roland Hammel, dans son tà©moignage : ” Tchad : sait-on vraiment ce qui se passe ? ” dans l’hebdomadaire Jeune Afrique n°1855 du 24 au 30 Juillet 1996, mà©rite d’àªtre lue. Son rà©cit suscite de la rà©pugnance et renforce cette thà¨se de crime contre l’humanità© dont est coupable le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno avec le soutien inconditionnel de la France.

En 16 ans de rà¨gne, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno n’a remportà© dà©mocratiquement aucune à©lection. Les Prà©sidentielles de 1996 et 2001 ont à©tà© confisquà©es grà¢ce aux hold-up à©lectoraux supervisà©s par le spà©cialiste de fraudes à©lectorales, agent de l’impà©rialisme franà§ais (la Franà§afrique), Monsieur Grand Esnon (Cf. Ouvrages, ” Noir Silence, qui arràªtera la Franà§afrique” de Franà§ois-Xavier Verschave, à©d. Les arà¨nes, Paris, 2000 et ” Noir Procà¨s ” de Franà§ois-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, à©d. Les Arà¨nes, Paris, 2001).
Le Canard Enchaà®nà© n°4463 du 10.05.06, ” L’armà©e franà§aise agent à©lectoral au Tchad ” à©crit :
” …Pas de dà©monstration de force,donc,mais un solide soutien logistique au dà©roulement de cette farce à©lectorale, taillà©e sur mesure pour Idriss Dà©by, le vieux compagnon de route de la France. Comme lors des deux prà©cà©dentes consultations, les bulletins de vote ont à©tà© fabriquà©s en France, par l’Imprimerie nationale. Puis ils ont à©tà© transportà©s -par avion- à  N’Djamena, où ils ont à©tà© mis à  l’abri, comme le reste du matà©riel à©lectoral, dans des magasins de l’armà©e franà§aise, à©videmment gardà©s par des soldats…franà§ais. Ces bulletins ont ensuite à©tà© expà©dià©s dans les diffà©rentes provinces du pays grà¢ce à  l’aimable concours des avions dont dispose la France sur place. Et, tout aussi obligeamment, nos militaires sont venus rà©cupà©rer les urnes pleines ou vides “
La France a ainsi consacrà© ” dà©mocratiquement ” la dictature du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno au Peuple tchadien.

Le mutisme de la France est une approbation de la rà©vision de l’article 61 de la Constitution par le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno le 24 juin 2005, lui permettant de s’à©terniser au pouvoir. Le Peuple a ainsi assistà© au sacre du ” Roi Dà©by 1er du Tchad ” par la France. Au demeurant, rappelons que cette rà©vision de la Constitution a eu lieu quelques semaines aprà¨s une visite furtive du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno à  l’Elysà©e. Quelle curieuse coincidence et/ou hasard de calendrier ? En l’absence d’un fort soutien, du feu vert et de la bà©nà©diction de la France, la rà©vision constitutionnelle ne serait pas engagà©e.

Selon le rapport d’enquàªte sur les crimes de l’Ex-Prà©sident Hissà¨ne Habrà© publià© en 1996 par la commission internationale, 40.000 Tchadiens furent assassinà©s par les forces de l’ordre dirigà©es personnellement par l’actuel Prà©sident Idriss Dà©by, alors Colonel et Chef d’à‰tat-Major gà©nà©ral de l’Armà©e tchadienne.
À cet horrible rapport, viennent s’ajouter d’autres preuves accablantes contre le Prà©sident Idriss Dà©by : le volumineux rapport de la mission d’enquàªte du 12 au 23 juillet 1991 du Magistrat Jean-Paul Jean, pour le compte de la Fà©dà©ration internationale des Droits de l’Homme (FIDH), mentionne : 54.000 arrestations arbitraires et 80.000 orphelins dont les parents ont à©tà© sommairement exà©cutà©s entre 1980 et 1990.

Outre son sport favori, l’assassinat des Tchadiens, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by est aussi un rà©doutable prà©dateur des deniers publics. La revue Afrique Education n° 204 du 16 au 31 mai 2006 en a fait à©cho : ” Au plus fort des attaques de la rà©bellion contre son rà©gime en avril dernier, le Chef de l’Etat tchadien aurait transfà©rà©, via la Bicec, une filiale camerounaise du groupe franà§ais des Banques populaires un pactole de 100 milliards de Fcfa (152 millions d’euros)”.
Enfin, le Gà©nà©ral Idriss Dà©by est coupable de dà©linquance financià¨re internationale : fausses monnaies, trafics de drogues (Cf. ” Noir Procà¨s ” de F.X.Vershave et Laurent Beccaria, à©d. Les Arà¨nes, Paris, 2001). À la fin des annà©es 90, la presse internationale et notamment le Canard Enchaà®nà© a rà©và©là© les actività©s dà©lictueuses et de dà©linquance financià¨re du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno. Ce dernier s’à©tait converti en narcotrafiquant et spà©cialiste de la contre-faà§on des dollars de barhein. Plus rà©cemment, ce vice et dà©lit du Prà©sident Dà©by est revenu au devant de l’actualità© dans la parution de la revue Afrique Education n°204 du 16 au 31 mai 2006 où il est à©crit “…Idriss Dà©by, c’est connu, excelle beaucoup dans le faux. À ce titre, il est nà©gativement rà©putà© jusque dans les banques parisiennes. Pour preuve, lisez ce qui suit : avant de se retrouver en prison, à  N’Djamena, en 1998, Armand Grah, Ivoirien de son à©tat, avait à©tà© chargà© par le prà©sident Dà©by de faire fabriquer, à  titre d’essai, des faux billets. C’est ainsi que sept milliards de faux billets imprimà©s en Europe avaient atterri, par mesure de sà©curità©, d’abord à  Abidjan. Sous prà©texte d’une à©vacuation sanitaire du sultan (Gong) de Là©rà© à  Abidjan par l’avion prà©sidentiel, l’aà©ronef de Dà©by devait, en rà©alità©, rapatrier les faux billets concernà©s à  N’Djamena. Mais selon Grah, il n’y avait pas eu entente avec les faussaires franà§ais sur les modalità©s de leur rà©munà©ration. Une fois à  N’Djamena, Armand Grah manifeste ouvertement son mà©contentement. Il est arràªtà© par son ami Dà©by pour l’empàªcher de parler. Pour sauver sa peau, il a dà» envoyer sa confession et un pathà©tique SOS au chargà© d’affaires de l’ambassade de France au Tchad, Luc Furhmann, en date du 23 septembre 1998, pour ne pas se retrouver outre-tombe “. Telle est l’une des pratiques obscures des rà©seaux mafieux de la Franà§afrique qui pà©rennise les dictateurs. L’Argent sale et facile est l’une des caractà©ristiques de ce systà¨me nà©o-colonial politico-militaro-mafieux.

Malgrà© ces crimes, le silence, l’indiffà©rence et la passività© des pays prà©tendus ” dà©mocratiques “, notamment la France omniprà©sente au Tchad et des institutions internationales (BM,FMI,UE, ONU,PNUD…) continuent. L’odeur du pà©trole inhiberait donc les bons rà©flexes de dà©fense des Droits de l’Homme. C’est le rà¨gne de l’hypocrisie et des rentes financià¨res. La vie des Noirs n’ a donc aucune valeur aux yeux des dirigeants franà§ais. N’ est -ce pas là  un comportement d’essence raciste ? N’ est-ce pas là , la logique capitaliste de profits des multinationales ?
LesTchadiens voient les leurs massacrà©s, pillà©s, violà©es, subir quotidiennement des traitements humiliants et dà©gradants. Les Africains savent que les Dictateurs-Prà©sidents africains de l’acabit du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno, petites crà©atures malfaisantes du capitalisme et de l’impà©rialisme, ont à©tà© choisies et imposà©es par le nà©o-libà©ralisme afin de mieux exploiter et piller l’Afrique.

Les apologistes invà©tà©rà©s de l’impà©rialisme en Afrique affirment avec un cynisme dà©concertant que pour la France, l’Afrique n’est pas vitale mais pà¨se plutà´t financià¨rement sur l’hexagone. Si cette assertion est vraie, alors comment expliquer le maintien des troupes franà§aises en Afrique avec parfois des pertes de soldats franà§ais engagà©s dans les combats en renfort aux dictateurs africains ? Et ce dans quels intà©ràªts ? Pourquoi la participation de ces troupes dans des opà©rations policià¨res de maintien de l’ordre intà©rieur, c’est à  dire la guerre contre les Peuples insurgà©s ? À qui profite la zone monà©taire du Francs CFA (FCFA) crà©à©e en dà©cembre 1945 dans le Prà©-carrà© et dont la parità© est fixà©e unilatà©ralement par la France ?
Le 11 janvier 1994 la dà©valuation du FCFA (sans consultation des Africains ) de 50% par rapport au Francs Franà§ais (FF) imposà©e aux pays de la zone FCFA par la France est une parfaite illustration du contrà´le et de pillages des ressources naturelles : par exemple pour la màªme somme d’argent soit 100FFqui permettaient avant la d’à©valuation d’acheter 50kg de cafà©, aprà¨s la dà©valuation la France engrange 100 kg.
L’indice de pauvretà© à  Abidjan est passà© en 1993 de 0.05 à  0.20 en 1995 (Source : The Impact of the 1994 Devaluation on Poverty in Cà´te d’Ivoire, Banque Mondiale 1994). Les consà©quences de la dà©valuation non choisie mais imposà©e par la France est l’une des causes de la paupà©risation accrue des paysans africains.
La lecture de l’extrait du solde du compte courant extà©rieur pour quelques pays d’Afrique de l’ouest sur le site de la banque de France, prà©sente pour l’annà©e 2004 les chiffres suivants :
– Benin 733 milliards fcfa = 1,11 milliards d’euros
– Burkina faso 659 milliards fcfa = 1 milliard d’euros
– Cote d’ivoire 4563 milliards = 7 milliards d’euros
– Guinà©e bissau 97 milliards = 147 millions d’euros
– Mali 984 milliards = 1,5 milliard d’euros
– Niger 445 milliards = 678 millions d’euros
– Sà©nà©gal 2336 milliards = 3,5 milliards d’euros
– Togo 823 milliards = 1,25 milliard d’euros

Le mà©canisme de ces chiffres est le suivant : lorsqu’un pays comme la Cà´te-d’Ivoire vend du cacao pour un million de dollars aux USA, ces derniers versent 1 million de dollars au trà©sor franà§ais qui retient 65 % ( la part de la Banque de France) et donne 35 % à  la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Dans ces conditions, peut-on parler rellement d’aide à  l’Afrique ? peut-on parler de la pauvrà©tà© des agriculteurs africains quand d’une part, les prix extràªmement bas fixà©s par ailleurs par les acheteurs du Nord et d’autre part, la retenue injusfià©e du trà©sor franà§ais d’une partie du produit de la vente? Ces donnà©es chiffrà©es balaient d’un revers de la main les arguments fallacieux et les contrevà©rità©s sur la prà©tendue gà©neurosità© sans contre partie de la France envers l’Afrique. La richesse des pays du Nord est aussi bà¢tie en partie sur l’exploitation et le pillage du tiers-monde et en particulier de celui de l’Afrique.

Dans ces conditions d’exploitation et de pillages impà©rialistes, la misà¨re des masses populaires croà®t à  un rythme exponentiel. Pourquoi s’à©tonner alors de la vague d’immigration des Noirs vers le Nord ? La loi naturelle qui rà©git l’àªtre humain, c’est l’instinct de survie. Il est tout autant naturel que les Hommes migrent vers les pays où ils pourraient assurer leur survie et cela d’autant plus que la prospà©rità© des pays du Nord est pour une bonne partie basà©e sur l’exploitation et les pillages des ressources naturelles et de l’exploitation humaine des pays du Sud depuis la traite nà©grià¨re.
La migration hivernale des oiseaux de l’hà©misphà¨re Nord vers l’Afrique procà¨de de cette logique de survie. C’est une loi immuable et naturelle de l’àªtre humain.
Pour l’Afrique, continent jeune (70% de la population a 25 ans), dotà©e d’immenses ressources naturelles faune, flore et minià¨res (foràªts, fleuves, rivià¨res, gibiers, poissons, pà©trole ,diamant, uranium, coltan, phosphates, fer,…), l’immigration ne serait qu’un vague souvenir lointain si seulement la domination militaire, à©conomique, culturelle, l’exploitation et les pillages des ressources humaines et naturelles du continent cessaient. L’unique alternative pour notre continent est de conquà©rir sa và©ritable indà©pendance militaire, à©conomique et politique par tous les moyens. Quand les Peuples du Tchad et ceux des autres pays de la Franà§afrique choisiront librement leurs dirigeants et leurs projets de socià©tà©s sans se voir imposer militairement les Prà©sidents ou mieux encore ces gouverneurs dà©là©guà©s (gardiens des temples coloniaux de l’acabit de Idriss Dà©by au Tchad) par les rà©seaux mafieux de l’impà©rialisme franà§ais, ils sauront trouver les ressources endogà¨nes nà©cessaires pour bà¢tir des Etats de droit, prospà¨res qui seront au service de leur bien-àªtre et des intà©ràªts du continent africain.
Excellence Monsieur le Prà©sident, la situation est gravissime au Tchad. Elle est intenable pour notre Peuple. Accepteriez-vous de vivre sous un tel rà©gime criminel et de terreur? Qu’auriez-vous fait en tant qu’àªtre humain qui aspire simplement à  la vie comme tous les autres? Quelle serait votre rà©action face à  ces horreurs indescriptibles? Toute communautà© humaine victime d’une telle barbarie se doit de rà©agir en opposant son droit à  la là©gitime dà©fense pour sa survie. Nous osons espà©rer que vous nous compreniez et ce, malgrà© les intà©ràªts qui seraient les và´tres, cependant, hà©las, contraires aux nà´tres. Parmi ces derniers, le premier intà©ràªt et le plus à©là©mentaire est le droit à  la vie au Peuple tchadien.
L’article 15 de la Constitution de la Rà©publique franà§aise stipule ” Le Prà©sident de la Rà©publique est le chef des armà©es. Il prà©side les conseils et comità©s supà©rieurs de la Dà©fense nationale “. À ce titre, il est là©gitime que notre Peuple qui vient de perdre encore plusieurs centaines de personnes hormis les victimes des dà©gà¢ts collatà©raux suites aux bombardements de l’aviation franà§aise, vous tienne directement responsable de la dernià¨re double intervention de l’armà©e franà§aise de l’opà©ration à©pervier au Tchad. Selon les estimations du FUCD et des parents de victimes, environs 500 personnes auraient pà©ri sous ces bombardements de l’aviation franà§aise le 13 avril 2006. L’Association Tchad Paix et Libertà©s (ATPL) dans un communiquà© de presse livre le triste bilan des combats : ” Le jeudi 13 avril 2006, tà´t dans la matinà©e, les forces armà©es franà§aises stationnà©es au Tchad, usant de leurs moyens militaires aà©riens (hà©licoptà¨res, Jaguar et Mirage 2000) ont ouvert le feu sur les forces rebelles à  l’entrà©e de la capitale tchadienne N’djamà©na. Les tirs des avions franà§ais ont tuà©s des populations civiles innocentes. Plusieurs personnes ont à©tà© atrocement blessà©es, dà©capità©es et certaines ont succombà© sur place faute de soins d’urgence. Plusieurs autres personnes sont admises à  l’hà´pital. L’ATPL a dà©nombrà©, provisoirement, 23 victimes civiles dont 7 enfants, 5 femmes et 11 hommes (…) Les forces franà§aises viennent par ce forfait endeuiller le Peuple tchadien martyr, saignà© dans son à¢me et sa chair. Ce crime odieux ne peut en aucun cas àªtre assimilà© à  des tirs de semonces. C’est une action prà©parà©e et exà©cutà©e à  un moment prà©cis et dans un pà©rimà¨tre bien choisi. L’ATPL assimile cette opà©ration militaire des forces franà§aises à  un crime de guerre et demande que les responsables soient identifià©s et jugà©s”.
L’Express à©crit ” En quelques heures, les ” rebelles ” sont balayà©s ; le bilan officiel dà©nombre 400 morts, dont 370 rebelles, 250 prisonniers. Le quotidien Le Monde du 16 avril rapporte les termes des observateurs de cette intervention militaire franà§aise : ” Ce qui s’est passà© jeudi matin tient de la boucherie (…) les deux hà´pitaux de la ville à©taient saturà©s, la morgue dà©bordà©e “. Le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, a de son cà´tà© sommà© vous-màªme et le gouvernement le mardi 18 avril 2006, de ” clarifier ” le rà´le jouà© par l’armà©e franà§aise au Tchad lors de la tentative de prise de la capitale N’Djamena le 13 avril par le Front Uni pour le Changement Dà©mocratique (FUCD).
Des centaines de Tchadiens ont à©tà© là¢chement assassinà©s et mutilà©s par l’intervention militaire franà§aise.
Eu à©gard à  cette barbarie de votre politique, Excellence Monsieur le Prà©sident, n’attendez pas de notre Peuple un silence complice, de la rà©signation ou une quelconque capitulation face à  cet odieux crime contre l’humanità© dont il est victime.
La rà©action là©gitime du Peuple pour se dà©barasser du tyran dictateur Idriss Dà©by Itno va se poursuivre et croà®tre en puissance. Il choisira la riposte approprià©e eu à©gard à  la gravità© de la situation et à  l’ampleur des crimes commis.

Avec un cynisme dà©concertant, nous avons assistà© à  une auto-dà©culpabilisation du gouvernement franà§ais en des termes blasphà©matoires pour nos morts : Le gouvernement franà§ais prà©tend qu’il n’y a pas eu d’intervention militaire directe ; mais son appui logistique est à©vident : transport de troupes, de matà©riel militaire…” Les missions de renseignement et d’appui ont jouà© un rà´le dà©cisif ” explique Le Monde, ” l’armà©e tchadienne a à©tà© informà©e heure par heure de l’avancà©e des colonnes rebelles survolà©es par les Mirage franà§ais”. Elle laisse l’armà©e tchadienne faire le sale boulot : ” Nous avons informà© les Tchadiens ; ils se sont dà©brouillà©s” explique un capitaine de parachutistes de l’armà©e franà§aise.
Le lieutenant-colonel Fabien Bajon Amal, commandant du groupement tactique air d’à‰pervier dà©clara ” le mercredi 12 avril, une de nos patrouilles Mirage F1 a repà©rà© à  250 km d’ici une importante colonne d’une cinquantaine de và©hicules remontant vers N’Djamena. Nous l’avons suivie pendant une heure trente, en và©rifiant auprà¨s de l’à©tat-major tchadien qu’il ne s’agissait pas de leurs soldats. Dà©cision a alors à©tà© prise de tirer un coup de semonce. Un Mirage a fait un tir canon de 0,15 seconde, ce qui à©quivaut à  une quinzaine d’obus tirà©s à  50 mà¨tres en latà©ral de la colonne. C’à©tait un avertissement. Il n’a pas à©tà© pris en compte. Nous avons suivi en permanence l’avancà©e de la colonne jusqu’à  N’Djamena “. Le rà©cit est appuyà© par les propos du colonel Jean-Luc Mansion, commandant depuis aoà»t 2005 du dispositif à‰pervier, qui raconte : ” La colonne rebelle a à©tà© repà©rà©e, suivie et pistà©e tout au long de sa progression. Jamais, nous n’avons à©tà© en situation d’avoir à  montrer notre dà©termination. La mission a à©tà© prise en compte par les Tchadiens qui ont su rà©agir et anticiper “. Le ministre tchadien des Droits de l’homme, un proche du prà©sident Dà©by, ne dira pas autre chose : ” Nos amis de chez “à‰pervier” nous ont permis de dà©truire la colonne rebelle par les renseignements qu’ils nous ont donnà©s. Nous avions dà©cidà© de laisser les rebelles entrer en ville. On ne pouvait pas les dà©truire avant, à  cause de la configuration du terrain ” ( Source : Notre Voie du 21 Avril 2006).

Quelle que soit la forme de soutien franà§ais au Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno, le Peuple tchadien victime de ce dictateur ne trouverait aucune circonstance attà©nuante à  cette politique coloniale et impà©rialiste de la Franà§afrique qui le dà©cime depuis des dà©cennies. Les guerres ont toujours à©tà© remportà©es par une logistique soutenue et des renseignements fins et efficaces. La France ayant fourni ces à©là©ments dà©cisifs de la contre offensive victorieuse de l’armà©e gouvernementale est incontestablement partie prà©nante. Il n’y a, par consà©quent, aucune ambiguità© possible sur l’intervention et la participation directe de l’armà©e franà§aise pour soutenir le prà©sident tyran contre le Peuple tchadien insurgà©.

Du 14 mars au 13 avril 2006, l’espoir de notre Peuple de chasser du pouvoir le criminel invà©tà©rà©, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idris Dà©by Itno a à©tà© une nouvelle fois brisà© :

1- Selon une dà©pàªche de l’AFP, le 14 mars dernier, c’est sous bonne escorte de l’Armà©e franà§aise que le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno a regagnà© le palais rose, à  son retour prà©cipità© de Guinà©e-Equatoriale où lui avaient à©tà© communiquà©s des renseignements sur le coup d’à©tat en prà©paration.

2- Le 20 mars dernier l’Armà©e franà§aise a assistà© l’Armà©e nationale tchadienne dans son offensive contre deux forces de l’opposition, le SCUD de Yaya Dillo Djerrou et le RPJ de Tollimi Abakar dans la località© de Hadjar Marfaïne à  l’Est. Rappelons que ces deux mouvements appartiennent au Rassemblement des Forces Dà©mocratiques (RaFD) dirigà© par Tom Erdimi. Le communiquà© de presse du 22 mars du leader du SCUD Yaya Dillo Djerrou accuse sans dà©tours les forces aà©riennes franà§aises d’avoir transportà© sur le thà©à¢tre des opà©rations “tout le matà©riel militaire et les troupes gouvernementales tchadiennes” tandis que “des avions de surveillance” franà§ais suivaient ” en direct les dà©placements des troupes du SCUD”.
Toujours selon ce communiquà©, ” Idriss Dà©by a prà©parà© son offensive de bout en bout avec l’appui actif de l’ambassadeur de France et grà¢ce à  la logistique de l’opà©ration Epervier au Tchad”, ” les hà©lico franà§ais n’ont cessà© de faire des navettes incessantes entre Abà©chà©, Adrà© et les champs de bataille, fournissant hommes et matà©riel aux forces gouvernementales. Idriss Dà©by a à©tà© escortà© par l’armà©e franà§aise dans un avion franà§ais à  Farchana ; de Farchana, c’est dans un avion franà§ais qu’il a à©tà© ramenà© à  Abà©chà© dans la soirà©e du 20 mars “…

3- Trois semaines plus tard, le 13 Avril, les forces d’un autre mouvement armà© d’opposition, le FUCD du Capitaine Mahamat Nour, parties depuis l’Est du Tchad, à©taient arrivà©es aux faubourgs de N’Djamà©na. Le rà©gime criminel du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno à©tait sur le point d’àªtre anà©anti. Cependant, hà©las, l’intervention directe de l’armà©e franà§aise qui a coà»tà© la vie à  plus de 500 combattants du FUCD selon le porte parole du Mouvement a permis de sauver le dictateur et de consolider son pouvoir. Outre ces victimes militaires, plusieurs civiles ont à©tà© tuà©s pendant et aprà¨s les combats. Le gouvernement continue les exà©cutions sommaires et les arrestations en accusant des centaines de civiles de sympathie, d’intelligence ayant des liens de parentà© ou appartenant simplement à  la màªme ethnie que les leaders des mouvements armà©s. La peine collective est la rà¨gle d’or du rà©gime foulant ainsi au pied la norme à©là©mentaire d’une justice civilisà©e et des Droits de l’Homme.

Excellence Monsieur le Prà©sident, oseriez-vous encore justifier ces interventions militaires franà§aises contre une prà©tendue agression extà©rieure du Tchad ? ou pour instaurer la dà©mocratie au pays de Toumaï ? Pour notre Peuple, ces deux dernià¨res interventions ont pour unique objectif de sauver le trà´ne du dictateur Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno, menacà© de toute part par les mouvements armà©s FUCD, MDJT, RaFD,TELSI, MPRD…qui incarnent la là©gitime rà©sistance populaire du Peuple tchadien insurgà© contre la tyrannie.
L’Armà©e de la Rà©publique franà§aise, pays de dà©mocratie et berceau des droits de l’Homme, qui, loin d’instaurer la dà©mocratie, dà©fend incontestablement, consolide et pà©rennise la dictature au Tchad. Ces interventions tà©moignent si besoin en à©tait de l’hypocrisie de la France officielle, cette politique coloniale et impà©rialiste qui dà©nie aux Africains et au peuple tchadien, le droit à  la dà©mocratie, à  la libertà© et à  l’indà©pendance. Cet impà©rialisme dans le prà©-carrà©, communà©ment appelà© Franà§afrique selon la terminologie de l’Association franà§aise, Survie, crà©à©e par Franà§ois-Xavier Verschave, est une rà©alità© qui heurte la conscience de tous les và©ritables dà©mocrates du monde.

Excellence Monsieur le Prà©sident, en votre à¢me et conscience, accepteriez-vous de vivre sous un rà©gime criminel comme l’est celui du Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno ? N’avez-vous jamais pris connaissance des crimes contre l’humanità© commis par ce personnage de nature criminogà¨ne?
Nous osons fort douter vue l’omniprà©sence des bases militaires franà§aises et ses 1200 hommes, les quelques 2000 civiles et surtout le và©ritable Gouverneur du Tchad, l’Ambassadeur de France, M. Jean-Pierre BERÇOT dont les dà©clarations sont une offense et un và©ritable mà©pris pour notre Peuple.
Dans son discours prononcà© lors de la Fàªte Nationale du 14 juillet 2005, M. Jean-Pierre BERÇOT dà©clarait “…. Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte les Droits de l’Homme et non pas une presse qui dà©signe à  la vindicte populaire d’honorables citoyens tchadiens prà©sentà©s comme traà®tres à  leur ethnie, en les qualifiant de faà§on humiliante de “Laoukoura” ; Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte la dignità© nationale tchadienne et non pas une presse qui cherche à  salir, par tous les moyens, l’image extà©rieure du Tchad et des Tchadiens “.
La presse tchadienne fustigà©e par l’Ambassadeur remplit avec courage et professionnalisme son devoir d’information mais aussi de rà©sistance contre la tyrannie du rà©gime. Les multiples embastillements, les tortures, les mises en sac des locaux des journaux…dont sont victimes les journalistes indà©pendants tchadiens tà©moignent de la nature dictatoriale du pouvoir. Les rapports des associations des Droits de l’Homme, la FIDH, de RSF, LIDH, Amnesty International, LTDH stigmatisent la nature du rà©gime. Exception faite pour son Excellence Monsieur l’Ambassadeur qui demeure, lui aussi, aphone et aveugle.
Dà©noncer les collabos et le brain-trust du dictateur, fustiger les crimes commis par le pouvoir…sont aux yeux de Monsieur l’Ambassadeur, le crime de là¨se-majestà© et mà©rite l’embastillement.
Un Ambassadeur est le porte-parole de son pays. L’absence de toute rà©action officielle du gouvernement franà§ais aux agissements diplomatiquement incorrects de M. Jean-Pierre BERÇOT, signifie approbation et encouragement dans le mà©pris de notre Peuple.
Cette politique nà©o-coloniale de la France en Afrique a à©tà© reconnue et dà©noncà©e par une imminente personnalità© franà§aise et de surcroà®t le prà©sidentiable de la droite (UMP). En effet, le Ministre d’Etat Ministre de l’Intà©rieur, Nicolas Sarkozi a affirmà© dans son discours à  Cotonou (Bà©nin) le 19 mai la nature criminelle, mafieuse, nà©o-coloniale de la politique africaine de la France (la Franà§afrique). Il a stigmatisà© la Franà§afique en ces termes :” Au Bà©nin, je constate que l’Afrique aime la France. Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, dà©complexà©e, à©quilibrà©e, dà©barrassà©e des scories du passà© et des obsolescences qui perdurent de part et d’autre de la Mà©diterranà©e(…) Il nous faut nous dà©barrasser des rà©seaux d’un autre temps, des à©missaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. A nous aussi de dà©barrasser la relation Afrique-France de ses fantasmes, de ses mythes qui la polluent. La France n’a pas les intentions et l’influence qu’on lui pràªte ” (Cf. Dà©pàªches de l’ Agence Reuters du 19 mai 2006) Ce petit pas courageux de reconnaissance des affres de la Franà§afrique sur les populations africaines est certes louable. Cependant, les victimes attendent des actes concrets avec la disparition complà¨te et irrà©versible de ce cancer diplomatique, les sinistres rà©seaux mafieux.
Plusieurs associations et Partis politiques de l’hexagone ont eux aussi condamnà© l’intervention militaire franà§aise au Tchad : Dans un communiquà© du 19 avril 2006, les Verts ont à©crit : ” Les Verts demandent le retrait de la prà©sence militaire franà§aise au Tchad. Ils dà©noncent le soutien politique et militaire constant de la France à  Idriss Deby et son soutien à  l’à©lection prà©sidentielle du 3 mai qui, dans le contexte, promet d’àªtre une nouvelle mascarade “.
Arlette Laguiller dirigeante de Lutte Ouvrià¨re, s’insurge contre l’impà©rialisme et le capitalisme franà§ais : ” En protà©geant les rà©gimes locaux, l’armà©e franà§aise protà¨ge les groupes capitalistes qui pillent les richesses naturelles de ces pays (…) Les relations entre la France et l’Afrique, c’est tout cela. Y mettre fin, ce serait mettre fin à  un systà¨me à©conomique et social fait pour polariser la richesse entre quelques mains en appauvrissant la majorità© de la population. Les travailleurs n’ont pas à  àªtre rendus complices, màªme indirectement. Troupes franà§aises, hors du Tchad et de toute l’Afrique!” (Cf. à‰ditorial des bulletins d’entreprise du 24 avril 2006).
Le Parti Communiste Ouvrier de France (PCOF) dans son mensuel, La Forge n° 462 d’avril 2006, à©crit : ” Rompre avec la “franà§afrique”, au Tchad et ailleurs. L’armà©e franà§aise vole au secours de Dà©by . Le rà©gime de Dà©by est portà© à  bout de… fusil par l’armà©e franà§aise. Au nom du “maintien de la stabilità©” d’un rà©gime corrompu, (…) Il s’agit, ni plus ni moins, d’une opà©ration de guerre, avec des moyens terrestres et aà©riens franà§ais… “.

David Mozersky, analyste de Crisis Group (une institution internationale d’à©tude sur la paix basà©e à  Bruxelles) dans un rapport publià© le 01 juin 2006, affirme ” l’absence au Tchad d’un espace politique national a transposà© les diffà©rences politiques sur le terrain militaire “, Selon ce rapport, ” les seize annà©es au pouvoir de Dà©by ont à©tà© marquà©es par plusieurs tentatives de coups d’Etat et rà©bellions, rà©primà©es avec une extràªme violence ou partiellement rà©solues par l’expulsion de dissidents vers le Soudan ou la Rà©publique Centrafricaine. Le Tchad a connu une paix relative mais jamais la rà©conciliation. Renà©gocier le contrat social aurait affaibli les puissants groupes militaires et enclenchà© un processus politique sur lequel Dà©by n’avait pas le contrà´le.
L’offensive rebelle d’avril 2006 a menà© le Tchad au bord d’une guerre civile gà©nà©ralisà©e. En repoussant le Front uni pour la dà©mocratie et le changement (FUCD) hors de la capitale N’Djamena, Dà©by a obtenu une victoire qui n’a militairement rien achevà© mais a soulignà© la fragilità© politique du rà©gime. Le succà¨s de l’armà©e est surtout dà» aux renseignements et à  l’appui logistique fournis par la France “.

Excellence Monsieur le Prà©sident, au nom d’une fumeuse thà©orie de la stabilità© en Afrique francophone, la France continue de dà©penser des sommes importantes d’argent des contribuables pour entretenir des bases militaires dans certains pays du continent (Djibouti, Sà©nà©gal, Gabon, Tchad, Cà´te-d’Ivoire…) depuis l’à©poque coloniale.
Quarante six ans (46 ans) aprà¨s les indà©pendances nominales, nous constatons que les interventions militaires franà§aises augmentent en nombre et en qualità© sans pour autant asseoir une quelconque stabilità© politique et à©conomique pour les populations. En revanche, ces interventions militaires ont toujours permis le sacre des dictateurs, de les sauver, de les protà©ger et enfin, de pà©renniser leurs pouvoirs contre les Peuples insurgà©s qui se battent les armes à  la main pour se libà©rer des tyrans imposà©s par la France.
L’opà©ration Manta au Tchad en 1983 a permis à  la France de dà©ployer des Forces gigantesques jamais mises en Å“uvres sur le continent Africain depuis la fin de la guerre d’Algà©rie : en effet, on a pu dà©nombrer 6 Jaguars, 4 Mirages F1, 2 ravitailleurs en vol C-135, des missiles anti-chars Millan,des canons monotubes de 20mm, des automitrailleuses là©gà¨res AML, des lances-roquettes LRAC de 89 mm, des mortiers de 120 mm, des radars Olifan, des chars motorisà©s Lohr et environ 4.000 hommes. Tandis que l’opà©ration à©pervier qui succà¨de à  l’opà©ration Manta depuis 1986 mobilise 1.200 hommes six Mirage F1, un ravitailleur en vol, trois Transall et trois hà©licoptà¨res (Source : Libà©ration du 14 avril 2006).

Pendant la percà©e victorieuse du FUCD à  N’Djamà©na,150 militaires supplà©mentaires de la base du Gabon sont venus renforcer le dispositif à©pervier au Tchad, soit 1.350 hommes et cet important matà©riel pour voler au secours du tyran Idriss Dà©by en liquidant la colonne du Peuple insurgà© composà©e de centaines de combattants.
Outre l’argument du maintien de la stabilità© pour justifier les interventions ou expà©ditions coloniales franà§aises, les diffà©rents gouvernements franà§ais invoquent mà©caniquement et inlassablement la lithanie reprise le 14 avril dernier par le Ministre de la Coopà©ration Brigitte Girardin qui parle de l’application des accords de coopà©ration militaire “… ce que nous avons fait lors de la tentative de coup d’Etat en apportant au Tchad une assistance logistique et une aide en matià¨re de renseignements “. La France doit enfin ” assurer la sà©curità© ” de ses quelque 1.500 ressortissants ” a-t-elle dà©clarà©.

Officiellement, la France n’a le droit d’intervenir militairement aux cà´tà©s des forces tchadiennes qu’en cas d’agression extà©rieure, ceci depuis la signature d’un accord de coopà©ration militaire datant de 1976 sur l’assistance technique et la formation des militaires tchadiens qu’apporterait la France. Ce ne fut pas le cas lors de la dernià¨re intervention de la France aux cà´tà©s des forces gouvernementales contre le FUCD mouvement politico-militaire tchadien.
Le ” maintien de l’ordre intà©rieur est maintenant assurà© par la France. Y aurait-il une clause secrà¨te de ces accords qui autoriseraient la France de faire la police dans un pays indà©pendant ? Le combat entre le FUCD et les troupes gouvernementales est un conflit tchado-tchadien. Le Tchad n’est pas victime d’une quelconque aggression extà©rieure comme le Gouvernement aime à  le rassasser. N’inversons pas les rà´les : c’est plutà´t le gouvernement du Gà©nà©ral Idriss Dà©by qui dà©stabilise la sous-rà©gion de l’Afrique en envoyant ses troupes combattre aux cà´tà©s du Mouvement de Libà©ration du Soudan (MLS) , l’un des mouvements armà©s qu’il a crà©à© par solidarità© tribale. “Dà¨s l’annà©e 2003, explique un spà©cialiste, vous pouviez parfois voir des soldats de l’armà©e tchadienne, directement reconnaissables, aux cà´tà©s de rebelles du Darfour” (Cf. Laurent Correau, RFI du 21/04/2006). Les rebelles soudanais à©taient aussi venus en renfort de l’armà©e tchadienne dans les combats du 13 avril, et celui du 18 dà©cembre dernier selon plusieurs sources concordantes “Les rebelles du Darfour circulent librement en armes à  Adrà©, explique un habitant de la località©, il y avait màªme, en 2004, un bureau qui est fermà© depuis. Les militaires d’Adrà© ne se cachent màªme plus de ce soutien (Cf. Laurent Correau, RFI du 21/04/2006).
Le corps expà©ditionnaire tchadien a renversà© le Prà©sident centrafricain dà©mocratiquement à©lu, Ange-Fà©lix Patassà©, en mars 2003 et s’à©tait aussi illustrà© au Congo Brazzaville…
Enfin, autre raison à©voquà©e par les officiels franà§ais pour justifier les interventions militaires est la protection de leurs ressortissants au nombre de 1.500 au Tchad. Ces derniers n’ont jamais à©tà© directement mà©nacà©s par les insurgà©s du FUCD d’une part, et d’autre part, les moyens considà©rables mis en place pour leur à©vacuation va au-delà  du strict besoin humanitaire. Les multiples insurrections armà©es au Tchad n’ont pas jamais visà©es les ressortissants franà§ais. En revanche, les interventions militaires franà§aises ont coà»tà© la vie à  plusieurs milliers de morts et mutilà©s tchadiens.
La dernià¨re intervention contre le FUCD aux portes de la capitale a semà© la mort dans les rangs de la population :500 morts en quelques heures,soit le tiers des ressortissants franà§ais dans le pays.

De 1978 à  2003, on a dà©nombrà© 20 interventions militaires en Afrique (source : L’Express du 27.10.2005). Celles du Tchad de 1968, 1969, 1976, 1983, 1986 et 2006 sont une tragà©die pour notre Peuple car des milliers d’orphelins vivent dans un dà©nuement total.
Excellence Monsieur le Prà©sident, le bilan de ces interventions militaires au Tchad sont nà©gatives et anachroniques. Elles sont d’abord onà©reuses pour les contribuables franà§ais. Elles n’ont apportà© ni sà©curità©, ni stabilità©, ni dà©veloppement socio-à©conomique, ni dà©mocratie, ni libertà© et Droits de l’Homme aux Tchadiens. Selon l’indice 2006 des ” Etats en à©chec ” publià© par la revue spà©cialisà©e amà©ricaine Foreign Policy, le Tchad occupe la 6à¨me place parmi les pays les plus vulnà©rables du monde. Le seul succà¨s des interventions militaires franà§aises au Tchad et Afrique, c’est d’avoir là©gitimà© et institutionalisà© les dictatures en systà¨me de gouvernement au service des intà©ràªts exclusifs de la France.
Notre Peuple a encore prà©sent dans son esprit, l’implication de la France dans le Gà©nocide au Rwanda.Cela est inquià©tant et abominable. En effet, Plusieurs ouvrages dont le rapport de la Commission d’Enquàªte Citoyenne(CEC)sur le rà´le de la France durant le gà©nocide des Tutsi au Rwanda en 1994 (22-26 mars 2004) confirment la responsabilità© de l’hexagone dans cette tragà©die humaine du sià¨cle qui a coà»tà© la vie de 800.000 à  1 millions de Rwandais en 100 jours (Sources : ” Imprescriptible: l’implication franà§aise dans le gà©nocide tutsi portà©e devant les tribunaux” de Gà©raud de La Pradelle, Editions Les Arà¨nes 2005 et ” L’inavouable ” du journaliste de Figaro Patrick de Saint-Exupà©ry, à‰ditions Les Arà¨nes, 2004). Ce reflexe de gà©nocide de la France en Afrique serait-il une tradition de la Franà§afrique ? serait-il un rite banalisà© dont ont retrouve la quintessence dans la dà©claration de juillet 1994 du Prà©sident Franà§ois Mitterrand : “Dans ces pays-là , un gà©nocide, c’est pas trop important.”(propos rapportà©s par le Figaro du 12 janvier 1998)

Excellence Monsieur le Prà©sident, votre refus persistant de changement de la politique africaine de la France teintà© de mà©pris pour les souffrances de notre Peuple aurait de fà¢cheuses rà©percussions sur les relations futures entre le Tchad et la France. Les rancoeurs, les humiliations, les souffrances, l’exaspà©ration accumulà©es par le Peuple tchadien sous les dictatures imposà©es par la France resteront à  jamais gravà©es dans la mà©moire collective des Tchadiens.
Le sentiment anti-franà§ais qui monte au sein de la population tchadienne des villes et campagnes est une rà©alità© que vous devriez prendre en considà©ration.
Selon un recent sondage auprà¨s des lecteurs de Jeune Afrique, l’Intelligent, à  la question suivante : ” La France a apportà© son assistance militaire au prà©sident tchadien Dà©by Itno face à  l’offensive de la rà©bellion. Comment jugez-vous ce soutien? “, 62,7% jugent nà©gatif ce soutien qui s’apparente à  du nà©o-colonialisme.
La màªme question posà©e aux Tchadiens reccueillerait incontestablement plus de 90% d’opinion nà©gative comme en tà©moignent toutes rà©actions qui foisonnent dans les journaux et sites internet tchadiens.

Excellence Monsieur le Prà©sident , le Peuple tchadien comme celui d’Algà©rie se souviendra encore longtemps de ses milliers de morts causà©s par l’impà©rialisme franà§ais et ses exà©cutants locaux, les dictateurs de la Franà§afrique incarnà©s par le Gà©nà©ral-Prà©sident Idrss Dà©by Itno.
Dans son allocution à  l’occasion du 61à¨meanniversaire des massacres de Sà©tif par les troupes coloniales franà§aises le 8 mai 1945 et qui a fait environ 45.000 morts, le Prà©sident Algà©rien Adelaziz Boutà©flika dà©clara ” Il eà»t sans doute mieux valu, dans l’intà©ràªt de nos deux peuples et de leur amitià© qui n’en existe pas moins fà»t-ce en pointillà© et de manià¨re interstitielle, que des Franà§ais disent à  d’autres Franà§ais, de manià¨re calme et ferme : Oui,
notre aventure coloniale a à©tà© gà©nocidaire. Oui, colonisation n’a pas rimà© avec modernisation, mais avec dà©civilisation. Oui, notre Etat doit se purger de sa face obscure, de sa face colonialiste et pour cela, comme l’ont fait d’autres Etats à  travers le monde, prà©senter ses excuses aux peuples auxquels il a imposà© son oppression colonialiste et en particulier au peuple algà©rien qui l’a subie de manià¨re si longue, si brutale, si multiforme, si gà©nocidaire.”
Ce refus de changement qui allie le mepris et une certaine condescendance des Gouvernements franà§ais sur les Peuples colonisà©s, touve son illustration dans la rà©action du Gouvernement et du Peuple algà©rien qui, 61 ans aprà¨s les massacres de Sà©tif, refusent toujours de signer le traità© d’amitià© entre les deux pays.

Excellence Monsieur le Prà©sident, nous osons encore espà©rer qu’un sursaut d’humanità©, d’humanisme et de raison puisse encore traverser votre esprit. Vous pourriez ainsi poser les jalons d’une nouvelle politique africaine de la France, dà©barrassà©e du paternalisme futile et encombrant , de l’impà©rialisme, du nà©ocolonialisme et pour le respect des peuples africains. C’est seulement dans ces conditions alternatives que vous à©viterez le risque majeur et irrà©versible que vous faites courir aux relations futures entre la France et l’Afrique.
Les Trois (3) conditions urgentes, immà©diates et rationnelles que notre Parti, l’ACTUS exigerait pour l’amorà§age de cette nouvelle politique de coopà©ration sont :

1- Le retrait inconditionnel des Troupes et la fermeture des bases militaires franà§aises du
territoire national tchadien ;

2- Laisser notre Peuple à©lire dà©mocratiquement et librement son Prà©sident sans aucune
imposition et interfà©rence de la France ;

3- Laisser notre Peuple choisir librement son systà¨me politique, à©conomique et son projet
de socià©tà© qui seraient conformes à  nos là©gitimes aspirations.

Excellence Monsieur le Prà©sident, notre Peuple lutte pour une coopà©ration et un projet de socià©tà© choisis et non subis car imposà©s par l’impà©rialisme franà§ais.
En figeant la situation actuelle, contre la volontà© des masses populaires tchadiennes, vous vous associez de facto et irrà©versiblement au dictateur, le Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno. Vous serez aussi personnellement comptable et coupable de ses crimes contre l’humanità©,lesquels seraient juridiquement partagà©s par la France et surtout malheureusement par cette infime partie de Franà§ais lucides, à©clairà©s et clairvoyants, qui incarnent la France internationaliste, progressiste, gà©nà©reuse et humaniste.
À cette minorità© progressiste, le Peuple africain est solidaire et lui exprime sa profonde reconnaissance et gratitude. L’Afrique qui lutte pour sa libertà©, sa dignità© et son indà©pendance và©ritable saurait faire la diffà©rence entre ses oppresseurs et ses allià©s de classe.
Excellence Monsieur le Prà©sident, prendriez-vous le risque d’àªtre jugà© devant l’histoire pour crimes contre l’humanità© aux cotà©s de votre Ami, le dictateur Gà©nà©ral-Prà©sident Idriss Dà©by Itno? Dans l’affirmatif, vous ternirez voire compromettrez à  jamais l’honneur, la dignità© et le rayonnement de la France dans le monde et particulià¨rement en Afrique.

Dans l’espoir que la volontà© du Peuple tchadien soit strictement respectà©e, nous vous prions de croire, Excellence Monsieur le Prà©sident de la Rà©publique Franà§aise, à  l’assurance de notre haute considà©ration.

Pour l’Action du Tchad pour l’Unità© et le Socialisme (ACTUS)
Le Secrà©taire Gà©nà©ral
Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum

Courriel : actus@club-internet.fr
Tà©l : 00 33(0)6 29 97 25 71

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