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Appel haïtien à  Lula et Morales pour retirer leur troupes

2. November 2006

Lettre ouverte aux Prà©sidents Evo Morales et Lula Da Silva pour demander le retrait de leurs troupes d’Haïti

Chers amis Boliviens et Brà©siliens,

Cela fait plus de deux ans dà©jà  que notre cher pays, Haïti, se retrouve une fois de plus sous les bottes des impà©rialistes. Aprà¨s la fin de la colonisation franà§aise en 1804, c’à©tait le tour des yankees, de 1915 à  1934. Aujourd’hui, la bàªte se prà©sente avec trois tàªtes : France, Canada et USA.

En 1915, la prà©sence amà©ricaine en Haïti à©tait prà©sentà©e comme une opà©ration purement humanitaire et neutre socialement et politiquement. Pourtant les humiliations et les injustices incroyables qui ont marquà© cette pà©riode de l’occupation amà©ricaine sont indescriptibles. Rien qu’en 1919, les marines amà©ricains ont fusillà©s 10 000 paysans haïtiens qui menaient une lutte acharnà©e contre les occupants. En 1929, des centaines d’à©tudiants ont à©tà© emprisonnà©s, torturà©s et assassinà©s, pour s’àªtre mis en grà¨ve contre l’occupant. 30 000 Haïtiens ont ainsi perdu la vie sous cette sale occupation.

En 1994, aprà¨s trois ans de rà©pression dont l’armà©e haïtienne s’est rendue coupable à  l’à©gard du peuple Haïtien, aprà¨s le coup d’Etat du 30 septembre orchestrà© par les USA, Les Yankees sont de retour, pour soit-disant replacer Aristide dans ses fonctions. Mais, ils se sont servis de lui pour revenir dans le pays afin de mettre un terme à  l’organisation populaire en Haïti.

A en croire les propos du major Louis Kenizan, un des principaux stratà¨ges de l’opà©ration amà©ricaine, le vrai motif de l’intervention amà©ricaine en Haïti, en 1994, à©tait de briser et de contrà´ler le mouvement populaire, afin de pouvoir maintenir Haïti dans la dà©pendance à©conomiquement et politiquement. Donc le và©ritable ennemi visà© par l’invasion amà©ricaine à©tait la colà¨re accumulà©e par la population et le mouvement populaire qui, à  ce moment là  à©tait considà©rà© comme la seule và©ritable force sur laquelle reposait la souverainetà© du pays et aussi celle qui pourrait s’opposer à  l’application du plan nà©olibà©ral. Car on le sait, la souverainetà© c’est le peuple, c’est l’expression de la volontà© gà©nà©rale qui est celle du peuple. Selon ces rà©và©lations, on doit se rendre compte que le coup d’Etat du 30 septembre 1991 a eu lieu pour faciliter le dà©barquement des yankees en Haïti, afin de reprendre le contrà´le du pays, comme cela a à©tà© le cas en 1915. Donc pour satisfaire les seuls dà©sirs des impà©rialistes, des milliers d’Haïtiens sont morts sous les balles des militaires et des escadrons de la mort. L’histoire retient que de 1991 à  1994, les rues de Port-au-Prince à©taient souvent jonchà©es de cadavres de femmes, d’hommes et d’enfants dont l’assassinat a aplani les sentiers pour les yankees. The ” Guardian “, un journal britannique, publie en 1991 un document rà©và©lant la stratà©gie secrà¨te des Etats-Unis pour Haïti. Il met en à©vidence le rà´le que les Etats-Unis joue dans l’ombre. Ce document relate que les parlementaires haïtiens reà§oivent des directives à  suivre dans les nà©gociations. En effet, si le retour d’Aristide ne pouvait àªtre empàªchà©, il ne pourrait par contre revenir que comme homme de paille, sans pouvoir rà©el et aprà¨s quelques mois, il doit àªtre facilement à  nouveau expulsà© du pays (The Guardian 22/02/1992). Et on n’est pas sans savoir qu’aprà¨s le retour d’Aristide en 1994, dans chaque ministà¨re haïtien il y avait un blanc qui donnait des directives. C’à©taient les occupants qui dirigeaient effectivement le pays et Aristide n’à©tait qu’un Prà©sident fantoche. Cela revient à  dire que ce sont eux qui ont fait le jeu pour entraà®ner Haïti dans l’instabilità© afin de revenir, aprà¨s leur dà©part en 1999.

Messieurs les Prà©sidents, lorsqu’en fà©vrier 2004 des militaires amà©ricains sont arrivà©s à  Port-au-Prince, leur dà©barquement s’inscrivait dans les plans de l’administration Bush pour la militarisation des Caraïbes. Ces plans viseraient à  sà©curiser les routes du soit-disant ” trafic de drogue “. Mais en màªme temps, on doit se rappeler aussi qu’Haïti est situà©e stratà©giquement entre Cuba et le Venezuela, deux pays où la Maison Blanche voudrait bien voir un changement de rà©gime. Il s’agit ici de raisons stratà©giques. Mais au delà  de cette considà©ration, il importe de signaler que les Etats-Unis ont peur qu’Haïti devienne comme le Venezuela et Cuba, c’est-à -dire indà©pendant. Pour ce faire, ils sont disposà©s à  mettre tout en Å“uvre pour maintenir le pays sous la dà©pendance. Aujourd’hui, force est de constater que dans tous nos ministà¨res, la minustha est prà©sente et s’immisce dans les affaires du pays. Dà©jà , màªme au niveau du ministà¨re de l’intà©rieur, les hommes de l’ONU cherchent à  s’intà©grer dans le programme de formation des autorità©s locales et municipales, une manià¨re à  ce que rien ne leur à©chappe. Ils veulent tout contrà´ler.

Cette force onusienne actuellement prà©sente en Haïti ne dà©fend en rien l’intà©ràªt du peuple haïtien. Car il n’est pas un secret de polichinelle que l’ONU est un instrument aux mains des puissances impà©rialistes, particulià¨rement de la super-puissance impà©rialiste amà©ricaine. Cela dit, cette force est en Haïti pour effectuer leurs sales besognes. C’est pourquoi, nous nous voyons bien obligà©s de nous adresser à  vous en tant qu’amis, pour poser le problà¨me de la MINUSTA. Parce que, en tant qu’amis, compte tenu de votre position face à  la situation des pays et des peuples du sub-Continent en raison de la politique agressive, interventionniste et nà©o-libà©rale des Etats-Unis, allià©s aux autres puissances impà©rialistes, nous pensions qu’il vous serait facile de comprendre la problà©matique haïtienne. Nous pensions que, contrairement à  d’autres dirigeants latinos conservateurs, libà©raux et rà©actionnaires, vous auriez adoptà© une position plus juste et plus à©quilibrà©e face au drame de notre pays, victime plus d’une fois de la politique interventionniste des USA. La propagande fallacieuse dà©veloppà©e par cette super-puissance, à  savoir qu’elle et la prà©tendue communautà© internationale sont venus nous sortir du bourbier reprà©sente un vaste mensonge. L’intervention de fin fà©vrier 2004 s’est inscrite dans un plan mà»ri. Parmi les causes, il s’agissait de remettre directement en scelle des reprà©sentants directs de la bourgeoisie compradore, des reprà©sentants des firmes Nord-Amà©ricaines s’occupant de dà©velopper la sous-traitance, la sur-exploitation de la main d’Å“uvre haïtienne et le profit maximum en faveur des multinationales amà©ricaines et autres pareilles. Cette politique interventionniste nord-amà©ricaine, nous la subissons particulià¨rement depuis la chute du fantoche Jn-Claude Duvalier. Alors, nous ne comprenons pas que vous puissiez collaborer avec ceux qui veulent maintenir le peuple haïtien dans la misà¨re, la honte et la servitude. Nous pensons que c’est une grave erreur que d’envoyer des troupes en Haïti, de cautionner ainsi sa mise sous tutelle et la violation de sa souverainetà©. C’est quelque chose qui peut avoir à  l’avenir des consà©quences politiques graves. Nous voulons vous signaler que lorsque Zapatero a à©tà© à©lu en Espagne, comme premier acte politique, il a ordonnà© le retrait des troupes espagnoles de l’Irak, pour ne pas avoir les mains tà¢chà©es de sang d’innocents. Màªme en Amà©rique, beaucoup de pays dont Le Venezuela, Cuba et des pays de la CARICOM ont pris leur distance avec cette sale mission, parce qu’ils savent que les puissances impà©rialistes n’ont d’amis que leurs intà©ràªts.

C’est pourquoi, nous vous demandons, au nom des valeurs que vous dà©fendez, d’ordonner au plus vite le retrait de vos troupes d’Haïti. Car, nous appuyons de toutes nos forces les manifestations des à©tudiants et des milieux populaires, ce cheval de Troie de l’impà©rialisme international, contre la prà©sence des troupes de l’ONU en Haïti.
Avec l’expression de notre haute considà©ration

Ligue haïtienne anti-impà©rialiste
Site : www.ligue-haiti.org

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